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10 choses historiques sur le Père Noël

Publié le 24 décembre 2015 par Genealogiejumel

En cette veille de Noël voici 10 choses intéressantes sur l'histoire du père Noël

Cet article complétera agréablement votre culture générale, et vous permettra de meubler les conversations familiales du réveillon : "Vous saviez que le père Noël, au IVe siècle, était un turc qui luttait contre la prostitution des jeunes filles et que ses os suintaient ?".

Voici les 10 choses à savoir sur le Père Noël :

10 choses historiques sur le Père Noël

Le modèle du père Noël est un évêque, Nicolas, qui officiait au IVe siècle à Myre (aujourd'hui : Demre), sur la côte sud de la Turquie. Il aurait été trucidé par les Romains le 6 décembre 345.

On lui prête divers exploits. Ainsi il a donné anonymement de l'or à un père de famille désargenté pour éviter que ce dernier ne prostituât ses filles nubiles. Ou encore il a, pour sauver sa ville au bord de la disette, prélevé du blé d'une cargaison à destination de Constantinople, en promettant aux marins qu'elle se reconstituerait au fil du voyage...

Mais la légende raconte surtout qu'il protégeait les enfants.

Il aurait ainsi ressuscité trois adolescents, qui avaient été préalablement découpés en morceaux par un couple de bouchers qui les ont conservés dans dans un saloir, une sale affaire qui a inspiré de nombreux artistes à partir du Moyen âge. Le père Fouettard serait inspiré du fameux boucher.

Nicolas sauve trois ados

Du coup, l'évêque, qu'on a longtemps représenté vêtu d'une robe d'ermite et accompagné d'une mule, est devenu le patron des écoliers. Et la Saint-Nicolas (6 décembre) la fête des enfants. La légende veut que, ce jour-là, l'esprit du saint leur rende visite et leur offre des cadeaux.

Dans les siècles qui ont suivi sa mort, de très nombreux pèlerins venaient à Myre se recueillir devant ses reliques. Les os de Saint-Nicolas ont paraît-il une particularité remarquable : ils suintent une huile parfumée, qui soigne des tas de maladies. Gore, non ?

Le culte de Nicolas a donc suivi ses reliques et leur jus d'os : d'abord entreposées à Myre, elles sont volées en 1087 par des marins italiens (sous prétexte de les soustraire aux sarrasins) qui les déménagent à Bari. Là, son tombeau a commencé à exsuder un liquide odorifère, au plus grand bonheur des pèlerins.

Une phalange a été volée à Bari par un chevalier lorrain 11 ans plus tard : elle a atterri à Saint-Nicolas-le-Port, près de Nancy, qui est devenu un lieu de pèlerinage important (même Jeanne d'Arc y est passée avant de partir guerroyer). De nombreux autres morceaux d'os fileront dans plusieurs autres abbayes ou églises, le business de la relique battant alors son plein.

De là, le culte a rayonné sur l'ensemble de l'Europe du nord et en Angleterre, une diffusion facilitée par deux facteurs :

- Saint-Nicolas était le "patron des marins". Ainsi, lorsqu'on fonde une nouvelle cathédrale à Gardhar, au Groenland, en 1126, c'est à lui qu'elle est dédiée.

- Sa légende épouse parfaitement les mythes nordiques (Nisse, lutin barbu coiffé d'un bonnet qui apporte des cadeaux au milieu de l'hiver ; le dieu Odin, qui daignait descendre sur terre pour offrir des cadeaux aux enfants...)

Le protestantisme, qui n'adore pas les saints, n'a pas tué le culte : s'il a été remplacé par celui de "l'enfant jésus" (ChristKindel) sur les terres luthériennes germaniques, il a prospéré dans les régions calvinistes comme la Hollande. En Angleterre, le 5 décembre au soir, les enfants disposent des offrandes - noisettes, pommes... - dans leurs chaussettes pour Saint-Nicolas. Les Hollandais appellent Saint-Nicolas "Sinter Klaas" et lorsqu'ils importent son folklore en Amérique, au XVIIe siècle, Sinter Klaas devient Santa Claus.

Lorsque les puritains anglais se sont installés en Nouvelle-Angleterre, ils ont interdit en 1659 toutes les célébrations de Noël, y compris le culte de Santa Claus. Noël n'est devenu congé officiel qu'en 1870, sous Ulysse Grant. Il faut dire que les fêtes de Noël , surtout à New York, étaient alors particulièrement païenne, alcoolisées et violentes.

Au début du XIXe siècle, la ville de New York travaille sur ses racines : la ville, anciennement New Angoulême, puis New Amsterdam, a été développée par des colons hollandais. Une société historique locale, fondée par un descendant de huguenot français, Antoine Pintard, promeut alors Saint-Nicolas comme patron de la ville (il sera détrôné par Saint-Patrick, plus irlandais).

L'un des membres de cette société, l'écrivain Washington Irving (l'auteur de "Sleepy Hollow") réinvente à partir de 1809 une histoire de New York dans laquelle les premiers colons vénèrent un Saint-Nicolas joyeux et fumant la pipe, plus proche des elfes Hollandais ou scandinaves que de l'ermite traditionnel... On doit ainsi à Irving le traîneau volant du Père Noël, sa pipe, sa barbe, son goût étrange pour les cheminées pleines de suie.

Mais c'est un poème publié le 23 décembre 1823, dans le journal "Sentinel" de la ville de Troy, dans l'Etat de New York, qui va lancer la carrière du personnage rigolard et joufflu.

Ce conte de Noël en vers, "A visit from Saint Nicholas", n'est pas signé. Clement Clarke Moore, un professeur de lettres et de grec, en a revendiqué la paternité des années plus tard. Reproduit dans les gazettes de l'Amérique entière, il fixe les grands traits physiques (vieillesse, joues, barbe...) et les accessoires (les huit rennes, la cheminée...) du Père Noël :

"Je vis saint Nick bondir hors de la cheminée.Revêtu de fourrure de la tête aux pieds (...)

Ses yeux, comme ils brillaient ! Ses pommettes joyeuses Ses joues au teint fleuri et son nez en cerise !

Sa drôle de petite bouche tendue comme un arc, La barbe à son menton, aussi blanche que neige ;

Il tenait une pipe serrée entre ses lèvres Un cercle de fumée auréolait son front ;

Il avait large tête et petit ventre rond, Qui tremblait à son rire, comme un bol de gelée.

Joufflu, dodu, tel un joyeux lutin : Je ne pus m'empêcher de rire en le voyant"

10 choses historiques sur le Père Noël

Le poème attribué à Moore ne parlait pas de la couleur si caractéristique du manteau du Père Noël. Il semble qu'elle soit apparue en 1863, sous la plume de Thomas Nast, illustrateur. Peut-être s'est-il inspiré de certaines icônes de Saint-Nicolas, ou du costume des "nisses" nordiques.

On se représentait volontiers, auparavant, "Santa" dans d'autres couleurs : violet, bleu ou vert, comme en témoigne ce dessin de John Leech illustrant "A Christmas Carol", de Charles Dickens, en 1843 :

10 choses historiques sur le Père Noël

Le père Noël n'a pas été "inventé par Coca-Cola", comme on l'entend trop souvent. Mais la marque en a fait une puissante icône commerciale dans les années 1920, tout en le déchristianisant définitivement. Le rouge retenu par Nast, qui se trouve être la couleur de la marque, s'est imposé. Et c'est l'illustrateur Haddon Sundblom qui, en 1931, lui a donné sa forme définitive.

Regardez cette courbe : c'est la part de l'expression "Père Noël" dans l'ensemble des mots des livres numérisés par Google. On voit que le Père Noël ne devient vraiment connu qu'à la fin de la seconde guerre mondiale.

L'expression "Père Noël" dans les livres en Français depuis 1900

Certes, certains auteurs évoquent le personnage (comme George Sand, en 1855) et il apparaît dans le Larousse illustré en 1904. Mais il était une légende parmi d'autres, un vieillard invisible laissant ici et là des surprises dans la maison, et on l'appelait généralement "Bonhomme Noël".

Pour l'essentiel, donc, le père Noël est une importation d'Amérique, arrivé par la cheminée européenne à la fin des années 1940,avec les chewing gums, les cigarettes blondes, les Zippo, les bas nylon. Et bien sûr le Coca-Cola.

La paganisation (et l'américanisation) de Saint-Nicolas déplaît à une partie de l'église. Et notamment à l'évêque de Dijon, Monseigneur Sembel, ancien pétainiste notoire. Le 23 décembre 1951, l'effigie du Père Noël est brûlée devant le parvis de la cathédrale de Dijon, en présence de centaines d'enfants des patronages. L'innocent personnage a en effet été décrété "usurpateur et hérétique".

Extrait du communiqué du clergé, rapporté par "France-Soir" :

"Le Père Noël a été sacrifié en holocauste. A la vérité, le mensonge ne peut éveiller le sentiment religieux chez l'enfant et n'est en aucune façon une méthode d'éducation."

L'affaire fait polémique. Le maire de Dijon n'est autre que le chanoine Kir (qui a donné son nom à une célèbre boisson), qui n'a pas de mauvais rapport avec l'église. Il intervient par un clin d'oeil : il ressuscite le Père Noël en le faisant apparaître sur le toit de l'hôtel de ville.

L'affaire de Dijon attire l'attention du célèbre anthropologue Claude Lévi-Strauss, qui publie en 1952 un article dans la revue les Temps modernes, "le Père Noël supplicié", pour expliciter la fonction de ce dernier :

- Il est "l'expression d'un statut différentiel entre les petits enfants d'une part, les adolescents et les adultes de l'autre" : la découverte qu'il n'existe pas fait office de rite initiatique.

- Il permet de mieux appréhender notre rapport à la mort : "les croyances liées au Père Noël mettent en évidence, derrière l'opposition entre enfants et adultes, une opposition plus profonde entre morts et vivants". Il apparaît ainsi quand "la nuit menace le jour comme les morts se font harceleurs des vivants". Il incarne l'établissement d'un modus vivendi entre enfants et adultes, et donc entre morts et vivants, "fait d'un échange de services et de présents". Et la vie triomphe quand, à la Noël, "les morts comblés de cadeaux quittent les vivants pour les laisser en paix jusqu'au prochain automne".

Ho, ho, ho !

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