Magazine Journal intime
Kalachnikov et Perestroïka
Publié le 11 juin 2008 par Gilles Poirier
Le soir, pour se détendre et voir autre chose que des casques de chantier, je me balade soit dans le village en faisant le tour des dômes (activité somme toute assez répétitive et rébarbative), soit je sors des enceintes gardées jour et nuit et je vais faire un tour au marché noir, acheter quelques fruits et un peu de bière. Le marché noir se trouve exactement entre les deux villages à 5mn de marche de chacun d’eux, sur un immense parking en terre battue dédié aux bus et taxis du second village. C’est dommage d’ailleurs que j’ai perdu mon téléphone à mon arrivée car je n’ai du coup pas de quoi faire des photos du ce marché qui vaut bien quelques clichés assez mémorables. Les Lada et mini bus sont tous ainsi alignés, coffres grand ouverts regorgeant de leurs trésors du moment, alcool de toute sortes (vodka, bière, whisky, cognac de fabrication kazakh, gin…), cigarettes de contrebande, cartes téléphoniques, poissons séchés puants, cassettes audio ou vidéo et dvd copiés de toutes sortes, fruits et légumes du moment (c’est d’ailleurs le seul endroit ou l’on peut avoir des fruits dignes de ce nom et pas hors de prix) et même parfois quelques fringues si toutefois on aime le style clodo SDF. Dès que l’on approche, on se fait aborder en général par une femme qui tient le commerce et aborde le client en russe. Par contre avec mes connaissance linguistique du russe je suis vite limité pour négocier correctement les prix et en dehors de « Da », « Niet », « Dobro » (raccourci pour bonjour en russe) je ne peux rien aligner d’autre sauf peut être vodka (que je n’utilise pas car je n’aime pas cette boisson), balalaïka (marque de bière russe) et d’autres mots parfaitement inutiles dans ce genre de situation comme « kalachnikov » qu’il vaut mieux oublier ou « perestroïka » qui n’est plus d’usage depuis quelques temps.Et j’ai beau me faire accompagner du collègue allemand de l’est qui parle russe, cela ne me sert pas plus car celui-ci n’a pas intégré la culture de la négociation féroce et du marchandage, quant à l’anglais, même s’il est compris par le Kazakh, il est hélas synonyme de prix ferme sans négociation possible car celui qui le parle aux yeux du Kazakh (l’américain) est suffisamment riche pour accepter ce prix sans aucune discussion. Au tout début de mon séjour, j’étais avec un italien plein de ressources, qui entre autre m’a appris comment faire un vrai « expresso » italien à partir d’un vulgaire café lyophilisé style « Nescafé », tout un art ! Cet italien qui parlait russe lui aussi, savait négocier de longues minutes pour arracher le meilleur prix à n’importe quel produit, et depuis,malgré mes efforts, je n’ai jamais réussi jusque là à faire baisser le moindre prix.