Intitulé l’irruption du réel, publié en mars 2003, suite à un article de François Simon après l’affaire Bernard Loiseau.
Je ne peux m’empêcher de reproduire quelques extraits :
“On ne peut s’empêcher de penser, soit dit en passant, à l’origine historique de la critique gastronomique moderne : un repli de circonstance. il faut savoir que certaines plumes d’après-guerre, qui s’étaient frottées d’un peu trop près avec la collaboration, se réfugièrent dans la critique gastronomique parce que celle-ci avait été omise de la longue liste (publiée au Journal officiel) des sujets et des rubriques désormais interdits à ces journalistes. Le genre gastronomique prit alors une coloration, qui, il est vrai, ne déparait pas le contexte de la bonne bouffe mais aussi des traditions et du terroir. Ça tombait on ne peut mieux. Cet état de choses peut contribuer à expliquer pourquoi il existe encore par tradition, au sein de la gastronomie française et en particulier de ceux qui la commentent - les anciens choisissant leurs successeurs et ainsi de suite”
C’est vraiment une belle affiliation! Et ces anciens qui choisissent leurs successeurs, de toute beauté!
“Il n’est pas question de déplorer ce style dans toute la critique contemporaine, mais, d’une part, il est toujours bon de rappeler d’où vient ce dont l’on parle, et d’autre part ces faits me semblent éclairer sous un jour particulier des orientations et des méthodes qui, sans cet élément, restent difficilement explicables.”
On pourrait mieux comprendre le rejet de Gordon Ramsay par les pachas/ayatollahs de la critique pro. Moi je n’ai pas aimé la Véranda, mais à cause du service qui était désastreux.
“Politique à part, la notion d’occasion faisant le larron est donc une constante parmi les critiques gastronomiques. Sauf peut-être chez Bibendum,s’ils entrent dans le métier pourvus d’une expérience substantielle, c’est un hasard heureux. Le plus souvent, ils y entrent grâce aux copains (« les entrées chez nous se font par cooptation », me disait avec sérieux un critique du supplément cuisine-culture d’un grand quotidien) et peu importe qu’ils sachent goûter un vin ou cuire un œuf. J’en connais qui en ignoraient tout, et même s’en fichaient pas mal, au moment d’intégrer la carrière.”
Comment, des PROFESSIONNELS ignorants au départ, de simples opportunistes? J’en connais qui seraient outrés…
Et l’égalité des sexes dans tout ça?
“D’après le témoignage de quelques enquêtrices ayant décliné de travailler pour certain guide, le recrutement féminin s’y fait sur des critères certes hédonistes mais pas très gastronomiques.”
“Ah, les tablées de critiques ! J’y ai entendu plus de jugements péremptoires que de savoir, plus d’âneries à la mode que d’appréciation culinaire argumentée et plus de fautes de goût et de goujateries que de manifestations de gourmandise. J’ai vu aussi des critiques engloutir des plats ratés comme si leurs papilles s’étaient mises en grève. Je crois d’ailleurs que, chez quelques-uns, la grève est permanente et définitive mais que la satisfaction de mettre les pieds sous la table sans bourse délier, elle, ne fait pas mine de faiblir.”
Sans oublier ce “je mange n’importe quoi, tant que c’est gratuit” tellement typique du minable parasite. Des gens prêts à raconter n’importe quoi pour conserver leurs avantages :
“Le numéro continue avec un beau retournement de chaussette : « le critique est accusé de trahison de classe lorsqu’il ne respecte pas l’ordre établi ». Au passage, tant qu’à faire, ledit critique en profite pour se portraiturer en Robin des Bois ; ça ne mange pas de pain et ça marche à tous les coups : l’autoportrait du journaliste ou de l’écrivain le moins novateur, voire le plus réac, en pourfendeur de l’ordre établi, voire en rebelle, pour conserver son créneau est une pratique très à la mode. Pour ma part, je ne vois qu’un ordre établi cherchant à maintenir son influence, et c’est celui de la presse et des critiques.”
On n’est pas forcément d’accord avec tout ce qu’il y a dans cet article, mais je le trouve assez juste. Je regrette qu’il n’y ait pas plus de détails et que l’auteure ne se soit pas plus mouillée, restant sur des généralités. On remarquera un commentaire en particulier, qui a permis de démasquer un anonyme imprudent.
Disclaimer :
Je redis, parce que je sais qu’il y a quelques simplets qui lisent ce blog, que je ne suis qu’un amateur “éclairé”, qui aime les restaurants et les sorties, parce que, justement, je suis libre de choisir ce que je fais et où je vais. Je trouve l’information disponible dans les médias professionnels spécialisés précieuse, mais je déplore une certaine complaisance, qui m’a parfois coûté des déceptions amères.
Je n’ai pas la prétention de devenir pro en critique gastronomique, mais la volonté d’œuvrer pour que les pros se comportent comme des pros, pas comme une mafia et qu’on arrête de prendre les clients pour des idiots en les manipulant ou en leur racontant des âneries…
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 12 juin à 12:27
Ca c'est vrai ; les abus sont nombreux et les imposteurs existent! Debut juin 2008 un journaliste gastronomique du magazine Mxxxxxxx et du blog Mxxxxxx2 est allé déjeuner avec un de ses amis dans un nouveau restaurant du quartier Rambuteau. Il a exigé d'être invité pour faire son article. Les patrons ont gentiment refusé. Les 2 personnes ont mangé le menu du jour et lorsque l'addition est arrivée le "journaliste" a de nouveau insisté pour être invité. Les patrons ont de nouveau refusé et ce "prétendu journaliste" a alors annoncé qu'il écrirait un mauvais article et qu'il dénoncerait les prix du vin !
Ce "prétendu journaliste" qui n'en est pas un mais usurpe cette qualité pour obtenir des repas gratuits, est un excellent ami de l'auteur de l'article ci-dessus où sont dénoncées les pratiques condamnables.
Qui se ressemble s'assemble ? Il faudrait d'abord faire le ménage dans son entourage et ses amis avant de donner des leçons de bonne conduite.