L’hongreur ,le châtroux

Publié le 17 janvier 2016 par Journalvernois

Aujourd’hui je veux vous parler d’un métier que j’ai connu et que j’ai vu disparaitre. C’est celui de l’hongreur, du châtroux comme on disait dans notre patois. Pratiquement toutes les exploitations d’élevage avaient à un moment ou à un autre recours aux services de l’hongreur. Il agissait sur un grand secteur.
Autrefois tous les bovins mâles destinés à l’engraissement étaient castrés pour en faire ce qu’on appelait les « châtrons », les boeufs pour le grand public. Bien sûr les mâles destinés à la reproduction échappaient à son intervention. Bon nombre d’exploitations possédaient un petit élevage de porcs. Quand les truies avaient mis-bas on l’appelait pour castrer les porcelets mâles. Ce n’était pas envisageable de garder des verrats pour l’engraissement. Je crois qu’il intervenait aussi sur les poulains si on voulait en garder pour des travaux agricoles demandant de la puissance; la castration calmait leurs ardeurs. C’était plus rare car dans les fermes on préférait conserver les femelles qui assuraient le travail dans les champs, mais aussi poulinaient; un revenu supplémentaire. Je pense qu’il savait aussi castrer chiens, chats ou ânes.
Je me souviens de cet homme jovial, à la silhouette trapue, coiffé de son éternelle casquette, arborant une imposante moustache gauloise, aux mains d’une étonnante puissance. Il faut dire qu’il castrait les bovins âgés d’environ un an à la main,sans aucun appareil, ce qui demandait beaucoup de force dans les mains et les bras. Sa façon de procéder, le bistournage, je crois, m’a toujours intrigué. Je n’ai jamais su comment il s’y prenait exactement et je n’ai jamais osé demander. Enfant, je voyais le châtroux comme un personnage mystérieux voire inquiétant Ce dont je me souviens c’est que les animaux passés entre ses mains prenaient une bonne enflure qui les faisaient souffrir quelques jours.
A partir des années 70 on a assisté à une diminution de la demande en châtrons au profit du taurillon qui l’a rapidement supplanté. En même temps le nombre de petits élevages porcins s’est fortement réduit. Dans les grandes porcheries l’exploitant a appris à castrer lui-même ses porcelets. On n’avait plus besoin du châtroux
Aujourd’hui certains éleveurs élèvent encore quelques boeufs pour produire une viande haut de gamme. Ces animaux ont été castrés à l’aide d’une pince spéciale qui facilite bien la tâche.

A bientôt