De là où je me trouve
Aucun souffle ne déplacera les montagnes.
Les arbres les plus hauts se pencheront jusqu’à toucher le sol pour accompagner mes paroles
Et les mettre dans la violence du vent.
La morale, mes amis !
La morale est un miroir qui ne renvoie plus rien
Il ne réfléchit que notre vanité.
L’utopie
Celle qui faisait chanter les enfants
Est tombée en désuétude.
Elle est loin derrière le roc de nos désillusions.
Le monde chavire
Le monde bégaie
Et nos paroles tombent dans le silence.
Je peux tout dire
Rien de la vérité ne m’est épargné.
C’est le besoin de parler pour ne pas étouffer
Pour ne pas être piétinée par les morts ni par les vivants
Pour continuer à voir et à transmettre
Pour dominer toute douleur
Et renaître du plus profond de la souffrance. (…)
Tahar Ben Jelloun
Il s’agit d’un extrait d’un long poème qui se continue en prose tiré du recueil « Les Pierres du Temps ». Ce texte est magnifique, je ne saurais trop vous conseiller de le lire.
Poesie