Le retour de Moha (extrait) de Tahar Ben Jelloun

Publié le 22 janvier 2016 par Pestoune

De là où je me trouve

Aucun souffle ne déplacera les montagnes.

Les arbres les plus hauts se pencheront jusqu’à toucher le sol pour accompagner mes paroles

Et les mettre dans la violence du vent.

La morale, mes amis !

La morale est un miroir qui ne renvoie plus rien

Il ne réfléchit que notre vanité.

L’utopie

Celle qui faisait chanter les enfants

Est tombée en désuétude.

Elle est loin derrière le roc de nos désillusions.

Le monde chavire

Le monde bégaie

Et nos paroles tombent dans le silence.

Je peux tout dire

Rien de la vérité ne m’est épargné.

C’est le besoin de parler pour ne pas étouffer

Pour ne pas être piétinée par les morts ni par les vivants

Pour continuer à voir et à transmettre

Pour dominer toute douleur

Et renaître du plus profond de la souffrance. (…)

   Tahar Ben Jelloun

Il s’agit d’un extrait d’un long poème qui se continue en prose tiré du recueil « Les Pierres du Temps ». Ce texte est magnifique, je ne saurais trop vous conseiller de le lire.

Poesie