Illustration de couverture par Rémy Mattei
+ Le fanzine lyonnais "Laurence 666" a reçu le prix du fanzine (alias "BD alternative") au récent festival-off d'Angoulême. Un ami luthérien me souffle : - Vu le titre, c'est sûrement un fanzine catholique. Le nombre 666, "de la bête", est un nombre mythique et énigmatique que le lecteur de l'évangile (apocalypse : XIII, 18) est incité à déchiffrer. Certains on pensé qu'il désignait Néron, le pape (les luthériens), Napoléon, Hitler, etc. D'autres, au contraire, qu'il ne désigne pas un individu en particulier, mais, de façon générique, la nature de l'antéchrist dont l'avènement marque la fin des temps.
+ Le quotidien "20 Minutes" explique dans un petit reportage que le développement de nouvelles technologies, dont internet, n'a pas entraîné la disparition des petits journaux amateurs, dits fanzines. Cela dit les fanzines de BD, comme la grosse presse, sont concurrencés par internet. Il n'y a plus de fanzine BD aujourd'hui, tirant et vendant plusieurs milliers d'exemplaires comme dans les années 80 (fanzine "PLG").
+ La ministre de la Culture Fleur Pellerin n'a apparemment toujours pas le temps de lire (et son entourage non plus) ; en effet, à l'issue du récent festival de la BD d'Angoulême, elle a décidé de faire chevalier des arts et lettres une brochette d'auteurs de BD, dont une majorité de femmes, parmi lesquels le franco-syrien Riad Sattouf : or ce dernier explique dans sa BD, "L'Arabe du Futur", succès de librairie, que les dictatures arabes (Syrie-Afez el Assad) et d'Afrique du Nord (Libye-Kadhafi) s'efforçaient d'imiter le modèle républicain français laïc. La BD de Riad Sattouf dément donc le propos officiel en vogue sur l'exemple que la république française représente en matière de liberté.
+ Plusieurs auteures ont refusé d'accepter cette "médaille en chocolat" (Tanxxx, Julie Maroh, Aurélie Neyret et Chloé Cruchaudet) et exprimé sur leurs blogs respectifs leur mécontentement de servir d'alibi féministe à un gouvernement que sa politique économique et sociale a coupé d'une partie de son électorat idéaliste.
+ Tandis que les représentants de l'appareil d'Etat brandissent le drapeau de la liberté d'expression d'un côté, ils font passer des mesures d'exception visant à la réduire d'autre part. Mardi 2 février, le Sénat a renforcé une disposition gouvernementale visant à condamner pénalement la simple lecture (!) de sites internet faisant l'apologie du terrorisme. L'ineptie de ce décret, sans doute inapplicable, fait penser à la prohibition de la littérature communiste ou marxiste aux Etats-Unis.
A ce propos il faut dire que la censure indirecte a prouvé au cours des dernières siècles qu'elle était beaucoup plus efficace que la censure directe, qui a le don d'exciter la curiosité, en particulier des plus jeunes. Le moyen de censure le plus efficace aujourd'hui est sans doute le divertissement. L'essayiste britannique G. Orwell, récupéré aujourd'hui par les esprits les plus conventionnels (Natacha Polony), a souligné à quel point l'argument démocratique pouvait servir de paravent au totalitarisme ("La Ferme des Animaux") ; on retrouve cet argument démocratique dans la limite de l'ordre public que certains prétendent assigner à la liberté d'expression. Enfin, puisqu'il est question du "terrorisme", rappelons que la République française repose culturellement, à l'instar d'autres régimes totalitaires, sur l'apologie de la terreur révolutionnaire.
Nous proposons dans Zébra cette semaine une critique du recueil de dessins et affiches de Mai 68 paru chez Michel Lafon (2008) ; cet album commenté par les dessinateurs de "Hara-Kiri" montre que les revendications des rebelles de Mai 68 sont toujours d'actualité.
+ Le caricaturiste et auteur de BD Maëster ("Soeur Marie-Thérèse des Batignolles") a subi récemment un accident vasculaire cérébral. Hémiplégique, il peut néanmoins dessiner de nouveau et donne des nouvelles à ses lecteurs sur son blog depuis son centre de rééducation.
Autocaricature de Maëster après l'AVC.