Comme pour le blé et les moulins ( voir l'article), la fabrication du pain à est extrêmement réglementés par l' abbaye de Corbie.
Tous les fours servant à la cuisons du pain de la ville de Corbie, appartiennent à l'Abbaye
Tous les fours et moulins de la ville sont à l'église (à l'abbaye) nul ne peut faire four à cuire tartes, pâtés ou sémineaux (pains de luxe) sans permission tous les habitants sont banniers c'est à dire ne peuvent aller à d'autres fours ni d'autres moulins que les siens
Comme les moulins, les fours de Corbie était soumis à bail, ces baux étaient de 3, 6 ou 9 ans.
A travers le temps, et le lieu du four, les modalités des baux n'était pas les mêmes. (10 livres par an, ou encore 12 livres et 4 sous plus l'entretien ou encore 4 livres 10 sous par an..)
De temps en temps l'abbaye exige le droit de l'église, l a dîme, ou "séchaine" c'est à dire dixième partie de la pâte que l'on apporte à cuire au four ( source : Bail du four de Pierre 1520)
ou encore " Faire payer de 10 livres de pâte, une ; ou de 10 pains, l'un, aux boulangers soit grand soit petit ".(sources : Baux du four du Marché, 1544 et 1545 ).
Il existe une longue liste de baux entre le XIII et XVIIe Siècle , voici le noms des fours tirés de ces baux:
- Four des Moulins près du pont St-Albin et de la rivière de Boulangerie,
- Four de Pierre sur la rivière du Quai,
- Four de la Catheri e dans la rue du même nom,
- Four Saint-Eloi, dans la même rue que le suivant,
- Four Perache qui paraît être au cours du XVIIIe siècle l'unique four banal de la ville.
On retrouve la trace d'un four pendant de longs siècle au même endroit dans la même rue dans la paroisse Saint-éloi, c'est le four Langlet. On le retrouve sous plusieurs noms à travers les siècles : Four Pérache, Four Saint-Eloi, Four du Marché, Four banal son existence est attesté depuis au moins le et surement avant.
La rue du Four Pérache tire certainement son nom d'un boulanger qui en fut le fermier. Le nom figure dans la liste des boulangers de Corbie, cités dans l'ordonnance relative au métier du En 1924 elle est surtout connue sous celui de ruelle Langlet
Dans les années 1900, le four se trouve toujours dans la même rue qu'au temps jadis, à peu près sinon tout à fait sur le même emplacement c'est la boulangerie appartenant à M. Ernest Langlet, boulanger à Corbie. Depuis , la Boulangerie est tenue par , Alain Langlet , la 5eme génération de cette famille, il a remis à l'ordre du jour les spécialités de la région comme le macaron d'Amiens, le pavé de Corbie, le Carolus, le battu Picard...
Quelques exemples de baux pour ce four d'après un Inventaire :
- un bail du Four du Marché pour six ans moyennant 7 livres parisis par an en 1369,
- un bail du Four banal situé en la rue qui mène au pont à l'Herbe (Pont qui faisait suite à la rue du Four et traversait la rivière d'Hamelet )le 29 septembre 1534.
- Trois autres baux des années 1642, 1658, 1660 , faits devant les notaires Ricard, Grandhomme, Joly pour 3, 6 ou 9 ans du four banal appelé four St-Eloi rue du Four près le Grand Marché.
- Extrait d'un bail de four le 8 juillet 1658 pour le four de St-Eloi Passé devant le notaire Grandhomme : il est question à la fois du futur grand ministre de Louis XIV, Colbert et du cardinal Mazarin. Le bail est consenti à Marie Colleate veuve de Jean du Hamel par frère François Charpentier , moine de l'abbaye ayant pouvoir de Collin receveur des tailles en l'élection d'Amiens au nom et comme procureur de Jean Collevert Colbert - intendant et procureur général de " Monseigneur l'Eminentissime cardinal Mazarin , abbé de l'abbaye de Corbie.
Le bail est passé pour 3, 6 ou 9 ans au choix de son Eminence aux conditions suivantes :
- 100 livres en deniers principaux
- 4 livres de cire au trésorier de l'abbaye
- 15 sous aux enfants de l'école et
- 6 sous à la " réservation des roys " et
- satisfaire aux charges imposées par les anciens baux.
- Le four sera visité chaque année. Au présent bail sont compris l'héritage et masure ou était ci-devant bâti le Four de Saint-Albin.
Le surveillance par les autorités de la fabrication du pain ainsi que sa vente à toujours existé :
Déjà en 1282 sur un acte, il est dit que les religieux ont la surveillance du pain dans la ville
Comme pour les meuniers, les boulangers n'avaient pas une bonne réputation, les habitants accusaient les boulangers d'en prendre à leur aise vis-à vis de leurs clients, de les tromper sur le poids ou la qualité du pain.
De ce fait une sentence du bailliage d'Amiens de 1448 ordonne que le prévôt de la ville de Corbie, accompagné de deux échevins fera, une fois la semaine la visite du pain et en fixera le poids et le prix selon la valeur du blé. Les délinquants se verront confisquer leur pain et seront condamnés à une amende de cinq sous.
Retrouvez le statut des boulangers desur un article ici