Rien écrit ici depuis le 8 décembre, alors que j'avais presque trouvé une vitesse de croisière à raison d'un billet tous les deux ou trois jours. Mais je ne sais pas trop ce qui s'est passé, ce qui s'imposa à moi depuis lors ne trouvait pas à s'inscrire sur le site, cela s'écrivait au crayon de papier, archaïquement, sur un carnet dont la publication n'est pas à l'ordre du jour, ou bien dans un nouveau cahier suscité par quelques rêves marquants et que j'ai nommé Carnet de la Méduse, car la Gorgone, sous différentes formes, en était le motif récurrent.
Et je ne serai pas revenu ce jour sur Alluvions si je n'avais pas lu cette nouvelle qui m'a écœuré, parmi bien d'autres nouvelles écœurantes, mais celle-ci je n'avais pas envie de la laisser passer, je voulais qu'elle eut un écho, aussi petit soit-il, à cet endroit où je fais entendre ma faible voix.
Je suis las des polémiques sans fin sur la déchéance de nationalité, la une de Charlie, la pertinence du concept d'islamophobie, las du mépris, de la morgue et de l'auto-satisfaction béate qui règnent sur tant de forums et autres fils de commentaires FB, las de ces gens qui donnent volontiers des leçons de courage, bien planqués qu'ils sont derrière leur clavier et souvent l'anonymat d'un pseudo.
Le courage, le vrai courage, il était chez cette femme, la journaliste syrienne Ruqia Hassan, que l’État islamique vient d'exécuter pour "espionnage". "Elle écrivait, peut-on lire sur le site Sans Compromis, sur les conditions de vie des habitants dans les territoires syriens occupés par Daesh ainsi que sur les bombardements effectués sur Raqqa. Elle prenait part à toutes les protestations contre l’EI et était une fervente partisane de la révolution syrienne contre Assad. Elle n’a jamais raté une protestation anti-Assad."
Ses derniers mots sur Twitter :
« Là, je suis à Raqqa. J’ai reçu des menaces de mort. Daesh va sans doute m’arrêter (…) et me décapiter. Mais je garderai ma dignité : il vaut mieux mourir que s’humilier »
On a tué la beauté, le courage, l'intelligence. Et je sais bien que ce n'est pas la première fois, ni la dernière, mais mon dégoût sera toujours le même, pour les brutes sanguinaires au cœur atrophié.
Il y a vraiment de quoi désespérer du monde.