Le Billet Amer #53
Par L’Aigre Doux
Le report au 12 mai du procès du Général Christian Piquemal, primitivement prévu en comparution immédiate au lendemain de son arrestation musclée à Calais, est sans doute dû à d’autres raisons que celles, médicales, invoquées par les autorités. L’émotion provoquée dans le pays par cette initiative malencontreuse du Gouvernement risquait en effet de déclencher un processus que les crispations actuelles pouvaient enflammer. D’où l’intérêt, pour calmer le jeu, de renvoyer l’affaire.
Chacun est libre d’apprécier la pertinence de la présence de l’ancien patron de la Légion Etrangère au sein de la manifestation. Nul ne peut cependant penser que son interpellation publique, largement médiatisée, n’ait pas été voulue et ordonnée par le Pouvoir. A partir de là commence le questionnement.
Les responsables de l’Etat ont-ils voulu marquer un énergique coup d’arrêt aux murmures, de plus en plus bruyants, de la Grande Muette et surtout de certaines de ses grandes figures, passées dans le cadre de réserve ? Si tel est le cas, la circonstance, le lieu, les raisons, la personnalité en cause constituent autant d’erreurs d’appréciation, autant de fautes de nature à exacerber encore plus les tensions dans cette région de France où le non-droit à pris le pouvoir, où la force de la loi tombe à côté de la plaque.
Le général Piquemal est un homme dont la carrière aurait dû inciter le gouvernement socialiste à un peu plus de prudence et de respect. Avant de devenir le patron emblématique de la mythique Légion Etrangère de 1994 à 1999, il avait été membre des cabinets de trois Premiers Ministres de François Mitterrand, Michel Rocard, Edith Cresson, Pierre Bérégovoy. Pas évident de le faire passer pour un « facho raciste ».
Le motif de « refus de dispersion de la manifestation» dans un contexte local où les actions violentes en groupes des immigrants manipulés par les anarchistes constituent le lot quotidien des habitants, apparait pour ce qu’il est réellement : de circonstance, hors sol, aberrant au regard des événements que subit la population littéralement prise en otage depuis des mois.
L’incapacité de l’Etat à assurer l’ordre public, la protection des biens et des personnes de ses citoyens ne peut durablement être masquée par une forme d’autorité dévoyée. Gare aux retours de manivelle…
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Heureusement qu’il jouit, dit-on, d’un moral et d’un optimisme à toute épreuve. Il en faut des tonnes effectivement au Président de la République pour supporter la conjoncture déprimante. Qu’on en juge : fin de non-recevoir à peine polie de Nicolas Hulot, refus vindicatif de Martine Aubry, départ de Fabius par usure après Taubira par calcul, affrontement sanglant et public entre Valls et Macron, déchainement de la Gauche extrême et de la Gauche tout court contre sa politique…ce gouvernement ressemble de plus en plus au radeau de la Méduse. Seuls quelques écolos en mal de portefeuille, prêts à tout pour pouvoir s’entendre appeler à vie Monsieur ou Madame le Ministre, cherche désespérément à monter à bord du navire qui fait eau de toutes parts.
L’interminable épisode de la réforme constitutionnelle et de la déchéance de nationalité qui occupe tout l’espace politique depuis de longs mois alors que de l’aveu même du Premier Ministre la menace terroriste n’a jamais été aussi imminente, aussi imprévisible et difficile à combattre, donne une idée précise d’une rupture qui semble désormais consommée entre les préoccupations du Pouvoir et les attentes de l’opinion publique. La « glorieuse » arrestation de l’ancien Général de la Légion Etrangère sur les lieux même ou les immigrants et les anars qui les manipulent commettent en toute impunité leurs méfaits, n’a rien ajouté à sa crédibilité et à sa gloire.
Dans un contexte aussi fracturé, on voit mal comment les socialistes pourraient s’exonérer d’une primaire, officielle ou officieuse, qui serait, l’une comme l’autre, destructrice. Une certitude d’ores et déjà évidente : il n’y aura pas un candidat unique de la Gauche à l’élection présidentielle. Hollande connaitra les mêmes affres que Valéry Giscard d’Estaing en 1981, battu surtout et avant tout par les divisions de son camp.
Mais bon, en 2012, le Chef de l’Etat a bien été élu par défaut autant par la Gauche, merci DSK, que par la Droite, merci Bayrou. Alors…
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Du grand Hollande ! Comme à ses plus belles heures à la tête du Parti Socialiste, le Président s’est montré sous son meilleur jour, dans un registre qu’il affectionne particulièrement et qui n’est pas étranger à sa bonne fortune politique: l’art de la synthèse et du compromis.
Pas de grands départs dans ce gouvernement, les principaux- Taubira et Fabius- ayant eu lieu avant le remaniement. Mais un retour ou des arrivées qui, quoi qu’il ait pu en dire face aux journalistes, n’ont qu’un seul et unique but, le positionner dans les meilleures conditions pour 2017.
Son ex- Premier Ministre d’abord, Jean-Marc Ayrault, revenu aux affaires étrangères, au moment où ses critiques virulentes contre certaines orientations du gouvernement Valls semblaient le positionner en possible leader des frondeurs. La venue dans le même temps d’Emmanuelle Cosse, l’écolo en chef d’EELV, flanquée de Jean-Vincent Placé et Barbara Pompili dont les dents rayaient depuis des mois les planchers de Matignon, ne lui apportera pas une voix verte. Mais elle lui permet d’accréditer la fiction de l’élargissement de sa base politique, réduite ces derniers mois à une tête d’épingle. Problème : comment faire cohabiter Ayrault et Cosse qui s’étripent depuis des années sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des- Landes ? Faites confiance à l’ancien Premier Secrétaire du PS pour élaborer les arrangements nécessaires. Il a consacré l’essentiel de sa carrière politique à cette activité.
Même souci d’alimenter l’illusion d’une gauche unie autour de lui, le rappel de Jean-Michel Bayle, figure historique du MRG, mouvement des Radicaux de Gauche, le parti de Christiane Taubira qui vient de claquer la porte.
Enfin, cerise sur la gâteau, le plaisir raffiné du fait du prince, ce privilège monarchique dont les présidents de tous bords de notre République démocratique exemplaire usent et abusent à l’envi, sans complexe et sans modération : la nomination d’Audrey Azoulay, l’amie de la favorite Julie Gayet, au Ministère de la Culture. Sa formation et son parcours semblent cependant indiquer, et c’est tant mieux, qu’elle a bien mieux que l’ancienne titulaire du poste, le profil adéquat.
Au total, tout le monde l’aura ressenti, rien d’autre qu’une péripétie électoraliste de plus qui n’est pas de nature à répondre aux urgences de l’heure et aux attentes des citoyens. Déprimante perspective pour la France et pour les Français…
L’Aigre Doux
*** Attention ce texte est une TRIBUNE LIBRE qui n’engage que son auteur ***
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