Connaissez-vous ce poème d'Aragon, qui parle de "celui qui croyait au ciel" et "celui qui n'y croyait pas" ? Tous deux meurent à la fin, et "leur sang rouge ruisselle / même couleur, même éclat"...
L'histoire que je vais vous conter pourrait s'appeler de même : la rose et le réséda. C'est celle, éternelle, de "l'alouette et l'hirondelle" : peu importe qui l'on est, ce que l'on croit, ce que l'on fait, un même sang coule dans nos veines. Si par malheur il se répand, le même rouge teinte le pavé.
C'est donc l'histoire d'une hirondelle qui croyait le printemps arrivé. Sur son fil elle chantait, insouciante et légère, éclatante et joyeuse. Au loin, le merle moqueur reprenait en écho sa trille inspirée. A moins que ce ne soit elle qui se fasse copieuse, se jouant ainsi, persifleuse, du maître d'harmonie.
Quand le coup retentit, seul un silence suivit. Un de ces pauvres silences qui accompagnent le deuil. Adieu hirondelle, adieu réséda. Celui qui croyait au ciel, celui qui n'y croyait pas.