La machine à perdre, déjà mise en route avec l’indécente prolifération de postulants à « la primaire de la Droite et du Centre » comme ils disent, vient de connaitre une brusque montée en régime. Finalement la Droite se retrouvera seule dans cet exercice les centristes de l’UDI, après le cavalier seul habituel de Bayrou et de son Modem, ayant choisi de boycotter la procédure de désignation d’un candidat unique au premier tour de l’élection présidentielle. Une décision forte, possible préfiguration d’un remake à l’envers du 21 avril 2002 qui a privé Lionel Jospin d’une victoire probable suite à la multiplication des candidatures à gauche.
Les rapports entre le Centre et la Droite ont toujours été historiquement conflictuels. De Gaulle mis en ballotage par Lecanuet, Chirac et le RPR faisant battre Giscard en votant Mitterrand, Poher contre Pompidou, Barre puis Balladur soutenus par les centristes à nouveau contre Chirac et enfin Bayrou favorisant la victoire de Hollande contre Sarkozy constituent les événements saillants de cette fratricide rivalité dont la Gauche a souvent su faire son beurre.
Un contexte qui rend sans doute moins absurde l’incroyable optimisme de François Hollande. Malgré son discrédit généralisé, le Président sortant sait qu’il suffit d’obtenir une voix de plus que le candidat de Droite au premier tour pour être assuré d’emporter le challenge face à Marine Le Pen au second tour à travers le fameux Front Républicain.
Tout son comportement actuel, dans sa famille politique et dans l’exercice de sa fonction, milite en ce sens. L’incroyable division qu’il a délibérément semée dans son camp, favorisant la création de factions incompatibles, interdit l’émergence de tout concurrent potentiel et particulièrement le premier d’entre eux, Manuel Valls, désormais résigné à son rôle de fusible du Président. D’autres initiatives, telle l’humiliante célébration du 19 mars 1962, violemment contestée par un électorat de toute façon déjà hostile, lui permet d’envoyer un message fort à la communauté musulmane largement acquise en 2012.
A la manœuvre, comme il sait si bien le faire, le candidat Hollande observe avec délice ce qui se passe dans le camp adverse , certain de pouvoir une fois de plus tirer profit des carences de cette Droite qualifiée de « plus bête du monde » par les mauvais esprits.
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« Nous sommes en guerre ». Cette déclaration martiale du Premier Ministre Manuel Valls après les attentats de Bruxelles, redondance du propos déjà tenu suite aux massacres de Paris du 13 novembre dernier, est inexacte. On nous fait la guerre mais nous ne la faisons pas.
Qui peut prétendre que les Etats d’Europe font la guerre au terrorisme islamique quand on constate la facilité avec laquelle les tueurs peuvent librement circuler comme bon leur semble dans des pays soit disant en « état d’urgence » ?
Qui peut croire cette affirmation quand le Parlement européen refuse de voter, sous la pression des groupes de gauche, les mesures de contrôle des passagers aériens au nom de la défense des libertés individuelles ?
Qui peut alimenter cette imposture quand des ressortissants de nos pays fichés S continuent à travailler sans problème dans les zones de haute sécurité des aéroports, des gares, des transports publics ?
Qui peut défendre cette notion alors que démonstration est faite de la capacité des terroristes à organiser des réseaux denses d’actions militaires sous la protection d’un environnement humain, complice actif ou passif dans toutes les banlieues de nos villes ?
Les petites et grandes lâchetés de tous nos gouvernements, accumulées au fil des ans, se payent cash aujourd’hui. Il existe des Molenbeeck partout, appelés à s’étendre avec l’afflux incontrôlé de migrants. Les compromissions de certains pays européens fermant les yeux sur des activités illicites pour préserver leurs populations se font jour dans le même temps que ces honteux arrangements tacites volent en éclats avec les innocents fauchés par les bombes où les balles des terroristes.
Sommes- nous encore en mesure de faire face ? Sommes- nous en capacité morale et matérielle de mener cette guerre et de la gagner ? Le futur Président de la République, quel qu’il sera, devra faire sans état d’âme de ce défi existentiel central et dominant l’alpha et l’oméga de son mandat.
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« On a fermé les yeux, mais partout en Europe et aussi en France, sur la progression des idées extrémistes du salafisme dans des quartiers qui à travers ce mélange de trafics de drogue et d’islamisme radical ont perverti une partie de notre jeunesse »
Aveu tardif après 4 ans de gouvernement de Manuel Valls qui n’absout pas les dirigeants actuels sans exonérer non plus les prédécesseurs. Malgré ce constat enfin lucide des dizaines d’imams radicaux continuent de prêcher le Jihad dans les mosquées de cette obédience, toujours actives malgré la conjoncture. Peu d’entre eux ont été expulsés du territoire national. C’est qu’ils ont des droits, ces gens- là ! On le voit bien avec Salah Abdeslam qui refuse d’être extradé en France pour y répondre de ses crimes.
Les réactions de certains à Gauche sont, à ce titre, navrantes et révélatrices d’une décomposition intellectuelle avancée de nos « élites ». Eva Joly, députée européenne – 2% des voix à l’élection présidentielle- persiste et signe dans son refus d’autoriser le contrôle des passagers aériens, au nom de cette bonne conscience qui fait le délice des terroristes du monde entier. Bruno Le Roux, président du groupe PS à l’Assemblée Nationale, est choqué à l’idée que les auteurs d’attentats de masse soient condamnés à une perpétuité réelle, et non pas aux quelques 20 années habituelles leur permettant un retour sur le marché du terrorisme à la quarantaine vengeresse. Ce serait dit-il, la bonne âme, les condamner à « une peine de mort lente ». On imagine la réaction des familles des victimes condamnées, elles, à une peine de mort rapide et atroce, devant l’énormité d’une telle indécence.
Manifestement, et à l’exception d’une infime minorité d’entre eux, les tenants de cette Gauche archaïque ne sont pas formatés moralement pour répondre au défi mortel lancé à nos sociétés. Toujours englués dans leur repentance historique issue de la Guerre d’Algérie, dont leurs éminents représentants Guy Mollet et François Mitterrand avaient été des acteurs engagés et déterminés, ils n’en finissent pas de battre leur coulpe sur les souffrances des Français.
Heureusement, dans les périodes de grand péril pour le sort des Nations, après un pitoyable Chamberlain on peut encore croire en l’avènement d’un Churchill salvateur.
« L’espoir luit comme un brin de paille dans l’étable… »