Batavia

Publié le 02 avril 2016 par Jlk

Chemin faisant (135)

Loin de la France.- Le nom d'un piètre président nous fait un peu oublier la grandeur passée et le génie toujours actuel de la Hollande. Celui-ci ne cesse de se manifester dans un habitus absolument original, tant par son architecture que par la belle tenue de ses toilettes, au double sens des tournures vestimentaires (spécialement féminines et enfantines) et des lieux d'aisance dont la rutilante propreté ne laisse d'épater chez un peuple capable de folles imaginations dont témoigne l'art d'un Bosch ou d'un Van Gogh.
Un génie tout autre.- Le substrat génial de la culture batave nous est apparu doublement hier, dans l'atelier souterrainement reconstitué de Maître Jheronymus et, en fin de journée, dans l'abyssal labyrinthe océanique du Burger's zoo d'Arnhem où vous déambulez au milieu des raies et des requins-marteaux, dans une féerie de petits poissons multicolores tournoyant autour de vous comme de mouvants oiseaux sous-marins à bigarrures de joyaux contrastant avec la sombre silhouette d'un galion englouti au nom effacé de Batavia. 

L'on se rappelle alors la mythique épopée du plus grand bateau du monde fracassé sur les récifs des Antipodes au temps glorieux de la flotte néerlandaise, racontée par Simon Leys (alias Pierre Ryckmans) dans un très recommandable petit récit.
En Europe mondiale. - on peut aimer la France, et plus encore notre langue, et se rappeler tranquillement cette évidence qui ne s'oublie qu'à Paris et dans l'Hexagone: qu'il est d'autres cultures et civilisations dans le monde que celles du nombril gaulois. Une librairie dédaléenne de Bois-le-duc se fera forte de vous le rappeler: que le Top Ten littéraire de ces lieux ne compte pas un nom d'auteur français, alors que les traductions du monde entier y prolifèrent...
Or franchissant un immense pont sur le Rhin dont les eaux chimiquement enrichies en ont vu d'autres, vers Nimègue, l'on se sent plein de reconnaissance réitérée pour une Europe millénaire qui doute trop souvent d'elle-même au bénéfice immérité de médiocres politicards et des blêmes fonctionnaires de l'Union désunie...