«La position de Robert de Boron dans la tradition romanesque du Graal est décisive, non pas tant, comme on le dit, par les innovations qu’il introduit dans l’histoire du Graal que par la forme d’écriture et de compilation qui est la sienne. Chacun le sait : il est le premier à faire du Graal le calice de la Cène (encore cette formulation est-elle doublement inexacte, car il ne s’agit pas vraiment de la Cène et le Graal n’est pas essentiellement un calice), dans lequel Joseph d’Arimathie a ensuite recueilli le sang du Christ...» Michel Zink – Collège de France
On lit généralement Robert de Boron comme le continuateur de Chrétien de Troyes, en effet le Joseph d’Arimathie « christianise définitivement le graal en s’inspirant d’écrits apocryphes » (J.-M. Fritz). « Pourtant rien ne dit, ni que la légende ait connu une évolution cohérente allant vers la christianisation, ni que les étapes de cette évolution au tournant du XIIe et du XIIIe siècles se réduisent à Chrétien et ses continuateurs d’une part, à Robert de l’autre. Le Parzival de Wolfram est même un indice du contraire et accréditerait plutôt l’idée que Chrétien, à sa manière épurée, n’a retenu que le peu qui l’intéressait d’une matière foisonnante. » Michel Zink
Robert de Boron n'a sans doute pas ignoré qu'à son époque, vers 1229, un moine de l'abbaye cistercienne de Fromont ( qui existait de puis 1141, et il n'en reste que des vestiges …), en Ile de France, non loin de Beauvais, avait écrit, en latin bien sûr, une sorte de chronique historique, et pour l'année 717 (!), s'exprime ainsi :