Chemin faisant (138)
Chez les battants. - À cette nouvelle étape de notre virée batave, l'hôtel Van der Valk Exclusief choisi par Lady L. sur Booking.com dispose d'une piscine en son 14e et dernier étage donnant sur une rocade d'autoroute et les lointaines superstructures industrielles de Rotterdam, et jouxtant la piscine d'eau salée (je n'invente rien: je décris) se trouvent une cabine de sauna et un espace fitness doté d'engins dernier cri.
Or nous y pointant à 16h, nous faisons le constat: pas un chat dans la piscine, ni dans la cabine de sauna, pas plus que sur les rutilantes machines permettant aux battants de se maintenir à la top forme. Conclusion: les battants sont au taf après le déjeuner d'affaires dont nous les avons vu sortir quand nous sommes entrés dans la tour rouge brique tous chaussés (je ne fais que décrire sans rien inventer) de pompes extrêmement longue et pointues, le plus souvent lustrées et parfois ornées de motifs fantaisie - à Bois-le-Duc on en voyait avec des détails empruntés à l'imagerie de Jérôme Bosch - tel étant l'un des derniers signes distinctifs des battants...
Le battant battu. - Le protagoniste du dernier livre de Philippe Rahmy, dont je nous ai fait hier la lecture sur l'autoroute reliant Enschede (lieu d'origine de Booking.com, soit dit en passant) et Doodrecht, est un jeune battant déchu, originaire d'Algérie mais sans rien d'un Salalouf, fils de boucher installé à Londres où il vient de perdre son job de trader et souffre doublement de la déprime agressive de sa jeune femme Lizzie et des menées sadiques de son boss Firouz.
L'implacable récit d'Allegra - évoquant notamment la terrifiante mort d'un grand cerf lors d'une chasse initiatique, et l'abattage d'une jument hors d'usage - à scandé notre voyage jusqu'à l'apparition des moulins "de mémoire " de Kinderdijk, après que ma bonne amie m'eut prié de cesser cette trop éprouvante lecture.
Pour ma part cependant, guère fasciné par les pompes et autres piscines des battants, je me suis dit: voilà du sérieux, merci Rahmy. De fait, c'est ainsi, frontalement, et sans donner dans le moralisme tendancieux, qu'il faut parler de la réalité contemporaine où un trader peut virer SDF plus vite qu'on ne le croirait.
L'ordure menace. - il est 3h du mat' et je pallie l'insomnie (la bisque et le crabe douteux d'hier soir) en égrenant ces notes soudain interrompues par une alerte de l'association Avaaz qui me demande de signer une pétition contre Donald Trump l'ordurier contempteur des femmes (bimbos ou fat pigs), des Mexicains (violeurs) et autres métèques fils de bouchers sûrement djihadistes. Or le geste à beau être dérisoire: je signe.
Ce soir nous serons à Bruges dont la prison de haute sécurité abrite quelques Salaloufs endiablés, mais de Bruges nous ne verrons que la vieille beauté.
Les ordures menacent, mais notre amour est plus fort que la mort et notre coeur plus imprenable que les fortunes planquées au Panama par les mêmes salopards de partout. Par les baies de la piscine au bord du ciel, en début de soirée, un arc-en-ciel intégral nous a été offert en Bonus. Thanks God and Trump be damned !