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Revue de presse BD (185)

Publié le 07 avril 2016 par Zebralefanzine @zebralefanzine

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+ Les manifestations contre la loi El Khomri visant à amender le code du travail ont un faux-air de "Mai 68" ; certains regroupements d'étudiants semblent en parodier les slogans et les affiches ; les édudiants de la Sorbonne proposent aussi une "bande-dessinée", quelques croquis pris sur le vif pendant les manifs.

Mais la désillusion semble l'emporter sur l'illusion désormais ; les militants de gauche ou d'extrême-gauche, majoritaires dans l'animation de ces mouvements, n'ont pas en effet en face d'eux un pouvoir gaulliste "fasciste", comme en 1968, mais les représentants du peuple de gauche qu'ils ont pour certains eux-mêmes élus "inconsciemment". Il y a plus d'un siècle et demi, Karl Marx vitupérait déjà les "sociaux-traîtres", dont les élites industrielles et bancaires ne peuvent se passer pour conduire le peuple à l'abattoir.

Symbole de cette désillusion, le chanteur Renaud, également chroniqueur à "Charlie-Hebdo", et passé récemment du whisky à l'eau minérale, vient d'annoncer son soutien à... François Fillon. Renaud n'a donc pas assez dessoûlé pour cesser d'espérer complètement.

+ Les feuilletons ou séries, ouvrages de fiction, sont infinis. Anthony Horowitz raconte dans le quotidien "Métro" pourquoi il a accepté de reprendre "Sherlock Holmes", oeuvre-clef de la culture moderne policière : "Quand les héritiers de Conan Doyle m'ont contacté pour écrire un Sherlock Holmes, j'ai d'abord eu des scrupules, parce qu'il y a un certain cynisme dans ce genre de livres : un éditeur propose une grosse avance à un écrivain connu pour pondre un best-seller. Toutefois, les lecteurs adorent ces livres. Alors pourquoi s'en priver ? J'ai lu toutes les histoires de Holmes à l'âge de 17 ans et c'est ce qui a fait de moi un auteur de polars. Alors oui, c'est une entreprise marketing, mais en vérité je n'ai dû mettre qu'une seconde à accepter !" ; un peu plus loin, le scénariste belge Van Hamme raconte comment il a repris "Blake & Mortimer", qui constitue un véritable filon pour les éditions Lombard-Dargaud.

+ "Quand la BD fait des bulles dans le réel" : "La Tribune de Genève" titre ainsi un mauvais papier (2 avril) dédié à la BD de reportage ou d'enquête, à prétention historique, ou encore visant la vulgarisation scientifique. Mauvais papier car la frontière entre la fiction et le réel n'est pas posée : elle reste à définir dans un monde où la fiction, sous forme de spectacles et divertissements divers, joue un rôle politique majeur.

Mauvais papier car la "Tribune de Genève" ne fait pas la part entre la propagande et la réalité. Il ne suffit pas qu'un livre ou un enseignement se proclame "historique" pour qu'il soit autre chose qu'une fiction déguisée en réalité - tel le "roman national laïc", qui du point de vue historique relève du catéchisme. Il ne faut pas négliger non plus la part de la propagande dans le domaine de la "techno-science", dont les actionnaires sont assez puissants pour imposer une idée avantageuse de la science à laquelle leurs intérêts sont liés. La science-fiction ne s'est pas développée comme un genre distinct de la science académique ou sérieuse, mais elle s'inscrit dans le prolongement de diverses hypothèses et théories scientifiques censées être sérieuses ; c'est bien la preuve que la fiction et la réalité interfèrent.

Mauvais papier enfin car il présuppose le journalisme et l'information "du côté du réel", ce qui reste à prouver. Rien ne dit que le journalisme n'est pas principalement devenu un acte de censure, à travers la contribution à ce que l'essayiste Hannah Arendt qualifie de "culture de masse", excroissance inquiétante de la culture occidentale, non moins susceptible de véhiculer le fanatisme que les religions les plus fanatiques.

+ L'éditeur de BD Jacques Glénat a été mis en cause entre autres capitaines d'industrie par "Le Monde" dans l'affaire dite des "Panama Papers" ; J. Glénat avait acquis la société offshore Getway S.A., spécialisée dans l'achat de tableaux et de meuble anciens, avant de la revendre et distribuer les tableaux à ses enfants quand les contrôles fiscaux commencèrent de se faire pressants. "Le Monde" fait par ailleurs à l'éditeur une réputation d'"Oncle Picsou" dans ses contrats avec les auteurs ; on regrette que le quotidien n'étaye pas plus cette accusation.


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