Ah 2015... Merci! Merci pour ces découvertes : les joies de la maternité, l’hébétude du manque de sommeil, la panique des cheveux qui tombent et le bonheur des cheveux courts. Le tout sur fond de voyages, avec la Suisse, la Corse, la France, le Sikkim et le Kerala où nous avons trimballé le bébé. Avec la petite tache qui pourrait te mettre en l’air le décor : l’expérience de l’incohérence de l’Entreprise (en tout cas la mienne*) qui clame vouloir plus de femmes managers et les laisse gentiment couler quand la reprise des-dites femmes managers après un avènement est un peu houleuse.
Pour moi, le début de la fin a commencé en février quand, deux mois après la naissance de Bébé Samourai, je reçus un Whatsapp de mon boss qui voulait raccourcir mon congé mat’ (de six mois selon les règles de la boîte, ou en tout cas c’est ce qu’on m’avait dit depuis que j’avais annoncé ma grossesse) parce que les « vacances » de Madame incommodaient les plans de Monsieur le boss.
Et puis au-delà du fait d’être complètement à l’ouest, il y a des mères qui ont envie de se concentrer sur leur bébé et juste pas envie d’allumer un ordinateur. LeMonde les (nous) a même catégorisées en « bobos écolos anticrise** » (excuse-moi du peu) – trentenaires, diplômées, bosseuses et ambitieuses, qui se transforment en championnes de l’allaitement : elles n’ont qu’une chose en tête, survivre et allaiter leur bébé. Acharnées elles ne lâchent rien ; pour donner le ton, des fois elles en arrivent à hurler (intérieurement) de douleur et pleurer (en silence), à mettre de la crème et des protections mammaires en plastoque mais ces p… de tétons gercés ne lui feront pas louper une tétée ! Dans la foulée elles n’hésiteront pas à continuer l’allaitement après les six mois prescrits par l’OMS ; voire après un an, soyons folles J Ni même à emmener (en cachette) rejeton et grands-parents à un séminaire en France pour pouvoir continuer à donner le sein…
Et ben ces mères-guerrières, elles estiment qu’elles méritent qu’on leur foute la paix pendant quelques semaines, ne serait-ce qu’au nom de tous les efforts extraordinaires fournis pendant des années (et même jusqu’à 8 mois et demi de grossesse) pour prouver qu’elles sont aussi capables et rentables pour l’entreprise qu’un homme.
C’est peut-être très « bobo », voire un peu prétentieux d’affirmer, dans ces temps de crise et d’insécurité de l’emploi, qu’on les fera pas chier. Mais elles sont comme ça, elles en ont le pouvoir – même si il leur faut parfois l’aide d’un coach pour s’en rendre compte.
Donc quand ton patron te rappelle plus tôt sous des prétextes fallacieux, te houspille parce que tu ne répondais pas aux mails pendant ton congé (des mails? Quels mails? Mais il te faut une semaine pour arriver à trouver le courage de te couper les ongles des pieds alors imagine allumer un PC ! Voilà maintenant tu comprends... que les mails... ben... comment te dire…), te met la pression pour te faire réagir (et protéger ses arrières, sympa) – mais ça marche pas, y a rien à faire, tu comprends rien à rien, t’arrives même à te rappeler si t’as pris une douche le matin même c’est dire. Donc tu ravales tes larmes, essayes de faire bonne figure et espère que ça finira par s’arranger. D’ailleurs ça finit par s’arranger, quand les hormones finissent par se calmer. Mais la pilule reste quand même bien amère à avaler et tu préfères démissionner. Et là c’est la surprise générale ; c’est même mis sur le compte d’une « crise de la maternité », i.e. une décision inconsidérée qui sera vite regrettée.
Et y a peut-être un peu de vrai. Peut-être que, dans mon cas, ce retour difficile de maternité a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, dans un contexte où, pour être tout à fait honnête, j’en avais un peu ma claque de la croquette. Mais quitter une boîte qui t’a tout appris et t’a fait sentir « talentueuse » n’est pas si évident. Heureusement j’ai été aidée par ma nouvelle entreprise qui m’a contactée quelques semaines après ma reprise. Pour être précise, je venais tout Juste de cramer mon tire-lait. Profitant que le bébé m’offrait – de façon très inhabituelle – deux-trois heures de répit, absorbée par la préparation d’un séminaire, j’oubliai l’accessoire dans la casserole dans laquelle il était en voie de stérilisation. Incident qui a son importance puisque la boîte en question fabrique… des tire-laits ! Mais oui mais oui !!
* En faisant un peu de recherches, il apparait qu’à peine 25% des femmes reprennent le boulot en Inde. Qui d’ailleurs tient la place 115 (sur 128) des pays sur l’échelle de l’émancipation des femmes au travail. Les entreprises virent les femmes enceintes, ou leur réduisent leur salaire et en général leur mène la vie dure. Mais il y a aussi plein de boîtes indiennes qui ont un programme « Retour au boulot ». Personnellement je préfère le terme « Retour au bureau » parce que je trouve que rester à la maison c’est un vrai boulot :
Voici un exemple de ces entreprises qui investissent pour garder ou recruter des talents féminins qui ont pris un break – parce qu’une carrière n’a pas besoin d’être toujours linéaire…
** « Aujourd’hui, l’allaitement maternel trouve sa place chez une population de trentenaires fortement diplômées. Cette pratique est en phase avec leurs idéaux, leurs réflexions personnelles, leur rapport au travail, au couple, et se marie bien avec une vague écolo, bobo, anticrise… » Source : http://mobile.lemonde.fr/societe/article/2015/09/22/pourq...
Dessins de: http://www.awesomeinventions.com/doodle-diary-of-new-mom/