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Tout ça pour a ?

Publié le 11 avril 2016 par Jlk

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Sanctuaire des braves.– L’on apprenait ce matin, à la télé, qu’un spectacle allait se donner bientôt, où ressusciterait Claude François par le miracle de la technique holographique, et simultanément était annoncée une émission d’Arte sur les projets transgéniques de vie éternelle.
Or une sorte de honte rétrospective m’est venue, à la fin de la même matinée, en découvrant le rivage de sable d’Omaha Beach où, le 6 juin 1944, des milliers de jeunes gens ont été massacrés par les mitrailleuses allemandes alors qu’ils débarquaient à l’aube aux premières lignes du débarquement de Normandie.

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L’on a beau avoir vu cent fois mille images photographiques ou cinématographiques de cette aurore homérique aux doigts de sang : se trouver sur le lieu de ce sacrifice collectif reste tout de même bouleversant, et d’autant plus que nulle boutique ou buvette (comme il y en a même à Auschwitz) n’apparaissent sur ce kilomètre de grève nue où ne subsistent que quelques vestiges de casemates entre quelques stèles de mémoire, et ce seul arbre à la silhouette si expressive. Alors le souvenir de Claude François, face à « tout ça »…

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La Bombe du paumé. – En roulant des abords d’Arromanches à Dinard, où nous voici ce soir, je nous ai lu le texte consacré à Allan Turing par Emmanuel Carrère dans une chronique du recueil intitulé Il est avantageux d'avoir où aller, réunissant des textes en phase avec notre époque, qu’il s’agisse de la France de Renaud Camus ou de Michel Déon, de la Russie de Limonov ou de l’Amérique de Philip K. Dick.

Or ce qui nous a frappés, avec Lady L., a été de voyager tout à coup avec le fantôme de Turing, dont le génie d’éternel paumé a participé à la victoire des Alliés sur l’Allemagne en perçant les codes secrets de celle-ci et en permettant des opérations militaires dont le débarquement de Normandie fut la plus éclatante.
Par delà toute dérision.– Hier à Honfleur, puis à Trouville et à Deauville, après avoir traversé la merveilleuse campagne bocagère, nous pestions de ne voir partout, avec leurs bagnoles saturant leurs parkings, que des Français moyens à la Tati, conglomérés aux mêmes lieux, et sans rires ni sourires. Essayez donc, si vous êtes Suisse et poli, de parquer à Honfleur votre véhicule japonais (on sait aussi la politesse des Japonais) en attendant qu’un Français vous cède la place après vingt minutes d’attente ; sûrement un autre Français vous passera devant en invoquant son droit au territoire !

Il y a quelques temps, l’éditorialiste Jacques Julliard constatait, dans un édito de Marianne, que les Français actuels ne s’aimaient plus entre eux, et c’est en effet ce qu’on peut déplorer, de l’extérieur, alors que la France reste tellement aimable à tant d’égards.

Or le constat s’exacerbe à la vision des milliers de croix alignées sur les hauts des rivages normands ! Et c’est pour ça, pour Claude François et ces malpolis, que les jeunes gens du Connectitut et de l’Illinois, du Dorset charmant et de l’Ecosse prodigue d’excellent whiskey, auraient perdu la vie ? Non, mais !


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