Entre deux feux. – Notre compère Florian me balance, ce matin, un texto sur Messenger où il me raconte, en quelques mots, une belle histoire d’Europe : la sienne.
Fils d’un Allemand et d’une Française, il eut un grand-père français dans la Résistance, et lorsqu’il alla enterrer son grand-père allemand, en 2007, il découvrit, dans le caveau familial, que celui-ci avait un frère mort sous l’uniforme de la Wehrmacht, en Biélorussie. Or la seule photo qu’il retrouva de ce grand-oncle lui révéla que le jeune homme lui ressemblait comme une goutte d’eau !
Florian a été touché par les lignes émues que j’ai consacrées à notre visite à Omaha Beach, dont les morts lui ont rappelé celle de son aïeul sur le front russe, alors qu’il a passé lui-même une partie de son adolescence en Normandie ; et traversant le bocage je nous lisais la biographie si remarquable de Simon Leys, que le même compère m'a offerte et qui prolonge ces liens multiples, de Flandres en Chine ou de Savoie au pays de Vaud – notre amitié, via Facebook, s’étant établie sur une commune admiration pour les écrits de Jacques Chessex…
Lieber Thomas. – Si j’ai rencontré Bertrand Redonnet et Florian R*** par le truchement d’Internet, via nos blogs respectifs ou Facebook, c’est en 3D que je devins, à l’âge de 14 ans, le compère de Thomas F***, avec lequel je passai deux étés et fis le tour du Léman en vélocipède, entre autres menées mémorables.
Cependant ce fut aussi par l'Internet que, plus de quarante ans après nos premières cigarettes fumées à plat ventre dans les herbes de Souabe, et sans nous donner aucunes nouvelles durant tout ce temps, je retrouvai la trace du blond adolescent devenu un imposant Herrr Doktor dans le cabinet paternel de sa belle petite ville de la Forêt noire, père lui-même de deux filles (comme nous) et louant un chalet sur les hauts de saint Pierre-de-Clages...
Autre souvenir d’Europe alors : des récits de sa propre guerre que nous fit le père de Thomas, contraint lui aussi de servir son pays, en officier médecin, en dépit de son amour pour la France (que partage mon compère) et de son mépris du caporal dément…