Mon changement de boulot, effectif le 1er mars, a entraîné d’autres bouleversements. Comme celui de déménager à… Gurgaon ! Et c’est pas rien… Pour te dire, j’ai même failli ne pas aller à l’entretien quand j’ai vu que le poste était là-bas. Gurgaon.
Gurgaon, c’est dans la banlieue de Delhi. Déjà vivre à Delhi c’est pas facile quand tu viens de Mumbai : le froid glacial l’hiver, la chaleur étouffante l’été, les coupures d’électricité, l’absence de vie de quartier – d’autres ajouteront la pollution et l’insécurité mais je n’en ai pas souffert personnellement pendant mon année là-bas.
Alors la banlieue… Surtout pour une Parisienne pure souche… Tu vois quoi…
Mais bon, il faut savoir mettre un peu d’eau dans son vin. Et comme mon mari était partant, nous avons fait nos valises ! Non sans, quelques semaines avant le grand départ, une petite expédition reconnaissance de logement. Durant laquelle j’ai découvert que Gurgaon n’était pas une banlieue au sens parisien du terme. C’est une ville à elle toute seule, qui se suffit à elle-même.
Une ville nouvelle qui est sortie de terre il y a une dizaine d’années et se veut ‘djeuns’. Elle a d’ailleurs réussi à attirer les multinationales, les malls et les bars qui brassent leur propre bière (il y en a des dizaines).
Mais bon, c’est quand même pas la fête du string. D’abord il y a ces barres d’immeubles qui se veulent le chic du chic avec leurs piscines, terrains de sport etc., mais ne sont pas sans rappeler les HLM et leur côté ruche. Ensuite il faut prendre sa voiture pour la moindre course. Et surtout ce champignon a poussé dans le désert et les coupures (d’eau et d’électricité) sont monnaie courante.
Ceci étant dit, Gurgaon offre des options de logement assez sympas, à savoir une villa avec petite piscine privée dans un complexe, ce qui assure la sécurité, et la continuité de l’approvisionnement en eau et électricité et offre aires de jeu pour les enfants et terrains de sport. On a vu pire ! Gurgaon est doc devenue tout de suite plus sexy à mes yeux après avoir visité une de ces villas !
Quelques semaines plus tard nous emménagions…
Et nous nous heurtâmes immédiatement aux difficultés de gérer la main d’œuvre. Surtout dans un complexe où les gardiens-femmes de ménage-chauffeurs s’organisent en mafia et profitent de l’« isolement » pour imposer leur quatre volontés.
On n’est pas à Mumbai ! D’abord les femmes de ménage. Y en a une qui fait le sol, une autre la poussière, une autre la bouffe. Au-delà du coût, ça devient stressant à gérer… J’avais pris l’habitude des femmes de ménage qui font tout, du ménage à la cuisine ! Heureusement, quand on veut on peut, et on a trouvé une parade. Et puis ayant été un peu prévenue, j’ai ramené ma nounou de Mumbai ! C’est pas faute d’avoir cherché sur place, mais je n’ai rencontré que des obstacles comme des mises en garde contre les agences de nounou, et les vols de bébé etc. Ça a donc été vite vu ! (A Mumbai on trouve cette « espèce » de nounou catholique (qui parle donc anglais) qui fait du super boulot et ne se trouve pas à Delhi où la meilleure option semble les filles du Népal.)
Ensuite le chauffeur. Dès que tu demandes un contact, on te met en garde : « il faudra bien le faire enregistrer à la police », « c’est difficile de trouver quelqu’un de confiance ». D’ailleurs pas plus tard que la semaine dernière un chauffeur a cambriolé la maison de ses employeurs méga-millionnaires. Du coup, je me garde le casse-tête pour plus tard et je conduis. D’ailleurs il faut savoir qu’à Gurgaon, les gens conduisent comme des PORCS. Si tu penses que les Indiens en général ont une conduite archaïque, tu n’as rien vu tant que tu n’es pas venu ici. Des porcs je te dis.
Ensuite il y a tous ces petits trucs : courir après le menuisier pour barricader la piscine, après le réparateur de clim, les chasses d’eau qui fuit, l’isolation d’un mur. Même si tu les payes pas ou à peine, ils mettent des semaines avant de revenir finir le job et toucher leur paie ! C’est de la folie…