Dune de Franck Herbert : un chef d'œuvre à plusieurs niveaux de lecture

Publié le 20 avril 2016 par Aniouchka

Cela faisait plusieurs années que je souhaitais lire le plus grand succès de Frank Herbert, non sans appréhension. J'ai découvert un roman dense et complexe à l'univers extrêmement riche, qui offre plusieurs niveaux de lecture.



"Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l'esprit"
En 10191, l'Empereur Padishah Shaddam IV offre la planète Arrakis, également connue sous le nom de Dune, en fief au Duc Leto Atréides. Inhospitalière et constituée de gigantesques désert où il ne pleut jamais, Dune est la seule planète sur laquelle est produite l'épice, la ressource la plus convoitée de l'univers. En se rendant sur Arrakis avec son concubine Jessica, son fils Paul et ses gens, Leto Atréides flaire un piège tendu par la Maison Harkonnen, son ennemie depuis toujours. Les Atréides auront besoin de l'aide des Fremens, le mystérieux peuple autochtone de Dune dont la religion annonce la venue d'un prophète qui proclamera la guerre sainte et leur rendra leur liberté.
En commençant Dune, je savais que je m'attaquais à un monument de la science-fiction. Néanmoins, je ne m'attendais pas à découvrir un univers aussi vaste, aussi complexe, sorti tout droit de l'imagination de Frank Herbert. Rien que pour son intrigue et son univers foisonnant, décrit dans ses moindres aspects (politique, écologique, religieux), Dune mérite le statut de chef d'œuvre.
Mais derrière la formidable intrigue de science-fiction se trouve une dimension plus universelle, religieuse et prophétique. J'avoue avoir eu du mal à tout saisir dès la première lecture, et Dune est un roman qui nécessite à mon sens plusieurs lectures pour que se révèlent tous les sens cachés par l'auteur. J'ai par exemple été interpellée par la place prépondérante de la religion et par ce concept de "Jihad" que l'auteur utilise tel quel pour désigner la guerre sainte que doit mener le prophète des Fremens pour changer l'univers. C'est d'ailleurs en regardant une vidéo d'Hajar que j'ai compris que Frank Herbert s'était très largement inspiré de l'islam pour écrire son livre. J'ajouterais que toutes les religions et leurs différents courants messianiques y sont présentes, et que la dimension prophétique de Dune peut résumer l'histoire de l'humanité et les batailles qu'elle a toujours menée pour imposer telle ou telle croyance qu'elle pense être la vérité.
Côté style, l'écriture de Frank Herbert, agréable et très descriptive, nous plonge tête la première dans son univers. A ce titre, le lexique de fin est très pratique pour comprendre les nombreux termes inventés par l'auteur. De plus, ce dernier fait la part belle aux pensées de ses nombreux personnages, dont les capacités cognitives sont impressionnantes. Enfin, chaque chapitre débute par un extrait des écrits de la Princesse Irulan, la fille de l'Empereur, qui inscrivent le récit dans une dimension plus vaste et apportent une complexité supplémentaire à l'ouvrage. 
En ayant fini ma lecture, j'ai eu le sentiment de n'avoir découvert qu'une infime partie des richesses que renferme ce roman. Pour la comparaison, j'ai ensuite regardé le film de David Lynch, très réussi, qui a le mérite de transposer l'univers et l'intrigue de Dune de manière assez fidèle. Malgré tout, je reste convaincue qu'il me faudra relire le roman pour m'en imprégner davantage... avant de lire les 5 tomes suivants.
Dune de Frank Herbert, Pocket, 2016, 894 pages
Je remercie les éditions Pocket pour cette lecture.