* L’épisode du Graal est une scène « unique », énigmatique et mystérieuse. Elle fera ensuite l’objet de trois commentaires : celui de la cousine, celui de la demoiselle à la mule fauve et enfin celui de l’ermite. Ils font appel au « péché » de Perceval, il est chassé du château … Cette scène a un caractère merveilleux, un peu comme s’il s’agissait d’un rêve… Elle n’a pas d’emblée un caractère chrétien. Même si elle se présente comme « liturgique » …Il s’agit de guérir le roi blessé ( entre les hanches...! ) et de redonner fécondité à sa terre. Perceval ne saura pas y prendre part. Il y a une procession avec des cierges, un calice… L’assistance est celle d’un repas fastueux. La lance saigne, et ce sont des jeunes filles qui portent deux des objets sacrés. L’explication de l’ermite invite à voir dans le Graal un ciboire dans lequel est portée l’hostie destinée au père du Roi pêcheur. Aussi, sommes-nous invités à donner une signification religieuse à la lance. Elle saigne, et semble accuser Perceval de son impiété ( Le christ est mort pour racheter les hommes... ! ). Une partie du mystère du Graal, lui sera révélée après sa conversion du vendredi saint. Le conte du Graal, offre dans cette scène un matériaux qui a subi d’autres influences que le christianisme.
Une liturgie pas si « catholique ... » !
- Dans la tradition médiévale, Il était absolument interdit aux femmes de prendre un tel rôle dans une procession de l’Eucharistie selon l’église catholique. Ce n’est que plus tard, vers l'an 1200, en particulier avec Robert de Boron, que le Graal est la coupe qui ramassa le sang de Jésus Christ sur la croix et la coupe qui se trouva à la Cène.
« Un graal entre ses 2 meins
Une damoisele tenoit, » (Perceval, vers 3158-3159)
- La règle du silence, était de bonne éducation… Le récit, cependant en fait la critique, et Perceval ne peut s’empêcher de vouloir comprendre : Il cherche à savoir pourquoi « Tant sainte chose est li Graals » ( Le Graal est chose si sainte) (Perceval, 6351), et à qui l’on fait son service. Mais, il se tait !
Par ailleurs, on lit que les aventures de Perceval, vont consister en une exploration de soi :
- Au début de sa quête : il savait peu à propos de sa famille jusqu’au moment où sa mère lui explique que son père et ses frères étaient des chevaliers : Perceval rencontre sa cousine à son départ du château du Graal qui lui donne son nom (nous découvrons le nom du Perceval pour la première fois (*) ). Et, il apprend encore plus de sa famille chez l’ermite, qui lui explique qu’il est son neveu… Le Roi Pêcheur et celui qui est servi par le Graal sont des membres de sa famille.
Après, cette visite « ratée » au château du Roi Pêcheur, c'est à présent réellement que commence la quête du Graal… Sa quête est donc provoquée par ce silence qui lui a fait perdre les mystères du Graal...(*) Il faut trouver, pour le chevalier, la brèche qui conduit d'un monde à un autre. Perceval l'a trouvée et son nom révèle cette découverte. N'est-il pas celui qui a ' percé le secret du Val '? En fait, il a su obéir au conseil du mystérieux Roi Pêcheur, à qui il rend visite dans le château du Graal : « Grimpez le long de cette brèche, lui dit-il, qui est taillée dans le rocher, et, quand vous serez arrivé là-haut, vous verrez devant vous, dans une vallée, une maison où j'habite. Dans le roc, symbole de la densité, une brèche s'ouvre et monte : telle est la voie. »
Pour le lecteur du Conte du Graal, il s’agit aussi d’une quête, puisque les mots qui précèdent ne sont que sentiers sur une « carte » d'une possible interprétation … Beaucoup d'autres cartes sont permises.... Ensuite, sera le temps de la véritable découverte du territoire ...
Après sa visite au château,
L'ermite explique à Perceval le secret du Graal ...
Parsifal à Montsalvat, le château du Graal
peinture murale par A. Spiess
Le cortège du Graal avec le calice et la lance,
en arrière-plane: le silencieux Parsifal
et le roi blessé.