C’est lundi soir. Je n’ai pas mangé de la journée, trop occupée à “boucler” des trucs au boulot (en fait on ne boucle jamais rien mais passons…). J’ai soigneusement préparé les valises ce week-end – c’est fou ce que ça complique de voyager avec un bébé, à commencer par vérifier que les vêtements d’hiver sont à la bonne taille et à finir par plier le lit-bébé !
Je me retrouve donc à 19h30, Bébé Samourai couché, la nounou dans le train, le mari dans le taxi, à fignoler les derniers préparatifs (notamment les provisions de nourriture). Quand j’entends le bébé appeler. Et je ne l’ai pas plus tôt soulevé qu’il me vomit dessus, profusément. Son premier vomi en 16 mois, nous en sommes tous les deux retournés… Et bouche bée. Impossible de faire un pas sans marcher dedans, j’en suis comme deux ronds de flan. Je le lave, le recouche, lave le sol puis moi-même et me remets à mes bagages. L’appétit coupé. Et puis il remet le couvert. Une petite douche pour le nettoyer, il a l’air d’aller mieux, et moi je suis toujours en sous-vêtements. D’ailleurs je vais prendre une douche avant de m’apprêter pour le départ. Il est 22h. J’en profite pour shampooiner le chat. D’aucuns diront que le moment n’est peut-être pas choisi mais je dois aider la pauvre bête à se débarrasser de son espèce de teigne et je n’ai pas eu d’autre moment !
22h30. Le taxi est en bas. J’attrape Bébé Samourai pour l’habiller et il me recolle une galette dessus. Re-douche. Et nous partons !
C’est reparti dans la voiture, le cauchemar ! Le vol de 8 heures vers l’Europe s’annonce très long…
Et voilà-t-y pas que sur un pont d’autoroute, alors que plein de camions sont garés sur le côté et qu’il y a un sacré ralentissement, deux hommes tapent sur le capot, intiment à mon chauffeur de baisser sa vitre, lui pincent la bouche, l’étranglent avec sa ceinture de sécurité. Pendant que je crie de le laisser tranquille, que mon bébé est malade et que j’ai un avion à prendre, ils m’ignorent superbement et l’éjectent de la voiture et l’embarquent. Et puis plus rien. Au bout de cinq minutes j’appelle mon mari et là j’explose. La panique totale. J’ai en fond d’écran les histoires atroces de collègues d’amis braqués au flingue au péage de Gurgaon – histoires auxquelles je ne prête pas attention mais qui visiblement rentrent par une oreille et ne ressortent pas par l’autre. Et puis merde. Je sors du taxi, couverte de vomi, le bébé dans les bras et me mets à crier sur les chauffeurs de camion de me rendre mon chauffeur. Ils ont pas l’air de comprendre ce qui se passe, genre ils sont pas à partie de ce hold-up !
J’arrive au comptoir de la compagnie aérienne, puante et dégoulinante de larmes. Je dois faire peur à voir, surtout au comptoir business. Et là, alors que la situation ne pourrait pas être pire, je ne trouve pas mon passeport. Ah si attends il est là. Et puis voilà-t-y pas que Lufthansa a la bonne heur de surclasser mon mari. Ils pouvaient pas mieux tomber je te jure… Un vol en toute tranquillité avec un bébé endormi presque tout le temps, que demander de mieux ?!
* Il semblerait après coup que les camions étaient garés là pour attendre l’ouverture du péage entre Gurgaon et Delhi à minuit. Et que ce racket est institutionnalisé pour les chauffeurs de taxi qui ne payent pas le péage. Je n’étais donc pas au cœur de la fomentation d’un coup d’Etat ou d’une révolution ou ni même d'une manifestation – les soulèvements sont devenus assez communs dans le coin par les temps qui courent avec les Jats piquant des colères régulièrement (cf cet article du Monde). Pfff... J'ai crisé pour rien !