[LE CHANT DU MÊME OISEAU N'A PAS CESSÉ DE ME POURSUIVRE]
L e chant du même oiseau n'a pas cessé de me poursuivre. Je l'entends tout proche et, soudain, infiniment lointain.
Parfois il se tait et c'est le vent qu'on entend. Ou le bruit lui aussi incessant de la douleur.
J'entends parler des voix que je ne comprends jamais. Je les reconnais ou non. Je ne sais trop si elles viennent ou s'en vont.
Ce qu'elles pourraient me dire ressemble à un long ciel rouge, immobile et qui pourtant s'éloigne.
Et quand je vais les comprendre, il est trop tard déjà, c'est l'ombre et ce qu'on appelle la nuit.
Avec le chant de l'oiseau seul, arrêté sur les franges brûlées de la lumière,
Comme si jamais il ne pouvait prendre fin et qu'il était ce fil de feu qui cousait
L'une à l'autre les lèvres d'une bouche à peine entr'ouverte sur un silence où naissent et s'abîment les mondes.
Jacques Ancet, " Deux fois ", VIII, Huit fois le jour, Éditions Lettres Vives, Collection Terre de Poésie dirigée par Claire Tiévant, 20213 Castellare di Casinca, 2016, page 28.