Je ne suis pas mère, mais j’en ai eu une, bien sûr. J’ai écrit mon père, mais je ne réussis pas à écrire ma mère. Dans mon prochain roman, il y a Mireille, la mère de Dominique. Au début de la trilogie, en 2004, je croyais écrire sur ma lignée zigzagante de Bridget à Jenny, à Annie, à Michelle jusqu’à moi. Donnant la parole à chacune. Je n’ai pas pu. Une fois rendue à mon grand-père que j’ai connu, les visages sont devenus flous, les paroles confuses et les lieux ont bougé. Je n’ai entendu que leurs silences et je n’ai jamais su leurs secrets. J’ai écrit une femme, une épouse une sœur et même une mère, mais pas la mienne. La mienne m’appartient à jamais. De toute façon, chacun a la sienne, même les enfants d’une même famille ont souvent l’impression de ne pas avoir eu la même.Le souvenir n’est pas la vérité, mais qui se soucie de la vérité quand il est question d’émotions qu’elles soient bonheurs ou blessures, amour ou ressentiment.
Dans mes romans, j’écris des émotions. Je ne crois pas que j’écrirai ma mère, jamais. Probablement parce que je ne l’ai jamais tout à fait comprise. Peut-être parce que je suis une fille, une sœur, mais pas une mère.
(Le livre dont il est question, c'est, vous l'avez reconnu: La femme qui fuit d'Anaïs Barbeau-Lavalette aux Éditions Marchand de feuilles. J'en reparlerai sûrement quand je l'aurai terminé)