En cette année 1191, l'Histoire rencontre la légende:
Giraud de Barri (chapelain du roi Henri II) , De principis instructione, vers 1193 témoigne :
« Or ce corps, dont la légende prétendait qu'il avait disparu dans un pays de rêve sans avoir été atteint par la mort, ce corps, après avoir été révélé par des signes presque miraculeux, a été retrouvé de nos jours à Glastonbury, entre deux pyramides de pierre élevées jadis dans le cimetière, gisant profondément en terre dans un tronc de chêne creusé et, solennellement transféré dans l'église, il y a été pieusement déposé dans un tombeau de marbre.
Une croix de plomb placée sur une pierre, non pas à l'endroit (comme c’est notre usage), mais à l'envers (je l'ai vue et j'en ai touché l'inscription, taillée non pas en relief, mais en creux, et tournée du côté de la pierre, disait : "Ici gît l’illustre roi Arthur, enseveli avec Wenneveria, sa seconde femme, dans l’île d’Avallonie »D’après le chroniqueur Giraldus Cambrensis, l’abbé, Henry de Sully, ordonne des fouilles, et découvre à une profondeur de 5 m un tronc creux de chêne qui contenait deux squelettes. Au-dessus, sous la pierre de couverture, se trouve une croix de plomb...
Ce serait à la demande du roi Henri II que l’on entreprend des recherches qui aboutissent en 1191, sous le règne de Richard Cœur de Lion, à la découverte des tombes d’Arthur et de Guenièvre par des moines de cette abbaye de Glastonbury.
Nous sommes dans le premier sanctuaire chrétien de Grande Bretagne, visité, selon la légende, par Joseph d’Arimathie et les Saints David & Patrick.
Dès le VII éme siècle, Glastonbury devient le siège d'une importante abbaye. On a bâti au sommet du Tor une église dédiée à Saint-Michel.
Déjà Arthur y serait venu délivrer Guenièvre, enlevée par Melwas, roi du Somerset, et retenue prisonnière dans la place forte du Tor.Un dramatique incendie a totalement embrasé l'abbaye en 1184, réduisant les bâtiments en cendres, abbatiale et cloître compris. Tout est à néant et le coût de la reconstruction s'annonce exorbitant.
La découverte des tombes du Roi Arthur et de la Reine Guenièvre dans le cimetière en 1191 se charge de donner un nouvel élan aux pèlerinages.
Ainsi, Glastonbury, transformé en sanctuaire de la royauté britannique, devient également la gardienne de la mémoire arthurienne.
Giraud de Barri identifie Glastonbury avec l’île d’Avallon. Située au Sud-Ouest de l’Angleterre, l’abbaye se trouvait sur un lieu marécageux, et aurait tiré son nom d’un ancien toponyme breton "Inis Avallon" signifiant "l’île aux pommes" ou de "Inis Gutrin" signifaint "l’île de verre".
D’autres rois vont plus tard entretenir cette légende :
- Le premier petit-fils d’Henri II et d‘Aliénor, né en 1187, il reçoit le nom d‘Arthur et est considéré comme l’héritier futur de la Bretagne jusqu’en 1203, date où il est assassiné. Quant à Richard Cœur de Lion, lors de la 3e croisade, il porte une épée que certains témoignages présentent comme "l‘épée d’Arthur, l’illustre roi breton des temps anciens, que les Bretons nomment Excalibur" [d’après Roger de Howden], épée qu’il offre au roi de Sicile Tancrède en échange de l’argent qui lui manque.
- Edouard 1er (1239-1307) visite l’abbaye en 1275... Il reçoit ce qui aurait été la « couronne » du Roi Arthur. En 1278, il ordonne l'ouverture du tombeau d'Arthur, et fait transférer les restes dans l'Eglise. Il célèbre son second mariage ( 1299) autour d'une table ronde : les convives, 'déguisés 'en chevaliers, recréent différents épisodes de la légende arthurienne.
Sous le règne d’Henry VIII (1509-1547), la table fut ensuite peinte pour arborer en son centre la Rose des Tudors, ainsi qu’un portrait d’Henry VIII représenté en roi Arthur, entouré par 24 places portant le nom des 24 chevaliers de la Table Ronde (Parmi lesquels Galahad, Lancelot, Perceval, Pellinore, Kay, Dagonet, etc.). Cette table est actuellement placée dans le Grand Hall du château de Winchester- Edouard III (1312-1377) crée en 1344, un ordre de chevaliers très semblable à celui de la Table ronde. Il cherche à son tour – sans succès - la tombe de Joseph d’Arimathie.
Mythe et réalité se confondent désormais et la légende arthurienne est alors complètement assimilée par les rois d’Angleterre...