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Quand la grossesse devient une maladie…

Publié le 13 mai 2016 par Rosecommetroispommes

« La grossesse n’est pas une maladie ». Toute femme enceinte a déjà entendu cette petite phrase, prononcée par un parent, une amie, un médecin … C’est vrai, la grossesse en soi n’est pas une maladie, mais elle apporte parfois suffisamment de désagréments pour qu’on ait l’impression d’être malade pendant de longs mois.

Pour ma part, enceinte, je suis malade. La grossesse me rend diabétique.

Je l’ai découvert lorsque j’attendais Rose, et je le revis aujourd’hui. À l’époque, je n’avais jamais entendu parler du diabète gestationnel, et lorsque ma gynécologue a prononcé ces mots, j’ai naïvement pensé que je devrais juste m’abstenir de manger des bonbons pendant quelques mois. Naïvement … en effet.

J’ai cherché des témoignages, et à part des articles flippants sur les risques encourus par la mère et le bébé, je n’ai pas trouvé grand chose. Alors, je me suis dis qu’un petit article sur le sujet ne ferait pas de mal, ni à moi qui ait besoin de me confier, ni à celles qui me liront et qui se sentiront moins seules, je l’espère. C’est aussi en lisant l’article de Miss Lune, que je me suis dis que c’était important de partager cette expérience.

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Pour commencer, le diabète gestationnel démarre habituellement vers le deuxième, voire le troisième trimestre de la grossesse. Le placenta sécrète une hormone qui provoque une résistance à l’insuline, et chez les femmes faisant du diabète gestationnel, le pancréas ne réussit pas à produire suffisamment d’insuline pour contrebalancer l’effet de cette hormone. Pour ma part, j’ai tiré le gros lot (ou un pancréas paresseux), et je suis malade dès les premiers jours. J’ai donc droit à 9 mois de régime et de traitement. Aussi, j’ai un diabète assez sévère, qui nécessite des piqures d’insuline, et donc je parle de ce que je connais. Je sais que pour beaucoup de femmes, un simple régime suffit, et loin de moi l’idée de les effrayer.

Enfin, il faut quand même le dire, le diabète gestationnel n’est pas anodin. La grossesse est un état suffisamment préoccupant comme ça, et ce n’est pas la peine de s’en rajouter. Le diabète est un vrai stress, et il est impossible de l’oublier, il est présent au quotidien.

Je trouve que le plus difficile à vivre est la culpabilité. D’une certaine manière, notre corps ne supporte pas l’état de grossesse et cela se répercute sur notre bébé. À chaque hyperglycémie, j’ai l’impression que je ne prends pas bien soin de mon enfant et qu’il souffre par ma faute. Enfin, ça c’était lors de ma première grossesse, je me revois pleurer en répétant « Je fais du mal au bébé ». Pour celle-ci, je relativise beaucoup plus, car l’expérience me montre que j’ai mis au monde une petite fille en parfaite santé malgré tout. Cela dit, lorsque le diabète se déséquilibre et que j’ai besoin de plusieurs jours pour réadapter mes doses d’insuline, je m’en veux beaucoup car pendant ce temps, mon bébé reçoit trop de sucres.

Alors voilà ce qu’il faut se répéter, parce que c’est vrai : on y est pour rien. Notre pancréas rame ok, mais ce n’est pas de notre faute. Au contraire, les futures mamans diabétiques doivent déjà prendre un soin tout particulier de leur bébé et tout organiser pour son bien-être. Nous ne sommes pas coupables, nous sommes courageuses !

Au quotidien, le diabète est partout, tout le temps (ce qui m’a fait réaliser que la bouffe est partout, tout le temps … ). Pour peu qu’on doive se piquer les sorties deviennent difficiles. L’injection dans les toilettes du restaurant, c’est très moyen. Et de toute façon, il est assez compliqué de trouver des repas adaptés. Pour ma part, un filet de vinaigre balsamique fait décoller mon taux de sucre, alors je préfère savoir exactement ce qu’il y a dans mon assiette.

On peut aller chez des amis, soit en leur expliquant précisément ce qu’on peut manger, soit en amenant son repas, ce qui est souvent plus simple et évite de nous faire passer pour une relou.

Le diabète interdit formellement les grignotages et demande de manger à heures à peu près fixes. il faut donc réellement organiser son quotidien autour des courses et des repas, et passés 5 mois de grossesse, la faim commence à bien se faire sentir et la mauvaise humeur avec. Il faut trouver des astuces pour que la nourriture ne devienne pas obsessionnelle (par exemple bouloter des Werther’s original sans sucres entre les repas). On a quand même le droit de maudire les femmes enceintes qui se plaignent de ne pas pouvoir manger de sushis … (sans rancune hein).

Enfin, chère future maman diabétique, sache que tu vas être suivie, très suivie Ici, en Autriche ils sont beaucoup plus cool, mais en France, face aux médecins, je ne pouvais parler que de ça. Ils se fichaient de savoir si j’avais telle douleur, telle question , si mon bébé faisait ci ou ça. Non, ce qu’ils voulaient c’était regarder mon cahier de dextros (les taux de glycémies relevées 6 fois par jour) et parler de mon diabète. Ils n’avaient que ce mot à la bouche. J’ai eu droit à plein de monitoring, à des échographies supplémentaires et même à un déclenchement deux semaines avant terme. Toute ma grossesse a été placée sous le signe du diabète. Alors, je crois qu’il faut un peu se battre pour avoir le droit de parler d’autre chose, pour garder d’autres souvenirs de sa grossesse. Et on peut voir du positif partout non ? Les échographies et les monitos sont autant de façons de passer du temps avec son futur bébé.

Et puis, je crois qu’il faut oser dire si l’on en souffre. Pendant que j’attendais Rose, le diabète nous est vraiment tombé sur la tête. C’est finalement une pathologie assez méconnue, et notre entourage ne se rendait souvent pas bien compte de ce que l’on vivait. Finalement, ils pensaient (comme moi au début), que j’étais juste privée de bonbons, et même que c’était super parce que je ne prenais pas de poids (entourage de la femme enceinte, un conseil, ne jamais dire « ah mais en fait c’est super pratique, tu grossis pas, trop de chance »). Mais non, le diabète gestationnel c’est un mode de vie, des échographies, des rendez-vous médicaux, des phrases ultra flippantes prononcées par des médecins. Le diabète c’est de la merde.

Je ne vais pas finir par un paragraphe pour démontrer qu’en fait c’est chouette et qu’il faut être positives. Franchement, c’est difficile de trouver des avantages, si ce n’est cette histoire de poids, qui en plus est une grosse arnaque parce que mes kilos de grossesse je les ai pris après mon accouchement en mangeant tout ce dont j’avais été privée pendant 9 mois.

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Donc, pas positives ok, mais pas accablées non plus. Tout cela a une fin ! Et même si ça parait interminable pendant qu’on le vit, ce n’est qu’une infime partie de notre vie. Et puis comme on dit « ça vaut le coup ». Ben oui, évidemment, ça vaut le coup d’avoir un bébé qui va bien. Et je crois qu’il faut se forcer à profiter, même quand on a juste envie de se plaindre et de paniquer.

De manière assez étrange, je crois que je vis beaucoup mieux mon diabète cette fois-ci parce que nous avons frôle la catastrophe et failli perdre notre bébé, alors le diabète me parait « pas si grave ».

Ah et promis, c’est quand même plus simple la deuxième fois. L’expérience aide énormément à gérer le régime et le traitement.

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