Les migrants et les ragondins
Publié le 02 juin 2016 par Gilles Poirier
Ici, il y a un camp principal relativement confortable, plusieurs camps subalternes plus ou moins insalubres et les hôtels en ville à 35km d'ici. Le camp principal est réservé à tous ceux qui ne travaillent pas ou restent le cul assis sur une chaise, les nantis. Bien sûr c'est exagéré, il y a aussi 20 à 25% d'exploitants et quelques utiles. Officiellement c'est pour le client final. Après il y a le camp secondaire ou ceux qui travaillent sur le site sont logés, c'est à dire les membres du client final qui ne restent pas assis sur leur chaise et les sous traitants ou vendeurs comme nous. Enfin dans les plus insalubres, il y a le personnel de nettoyage, cantine, gardiens... Ceux représentant le client final mais qui sont au camp secondaire ont le droit de manger dans le camp principal aux standards culinaires nettement plus élevés. J'avais le priviliégée d'être de ceux là mais les superviseurs mécaniciens de la même société n'avaient pas accès à la cantine du camp principal. Dans un souci d'équité, j'ai fait la demande pour le premier mécanicien, demande qui après une semaine de navette de mails a fini par être accordée. On allait donc manger le soir à la cantine du camp principal puis on prenait notre bus pour retourner au camp secondaire y passer la nuit. On a eu ce privilège bien agréable une petite semaine et quand le remplaçant du mécanicien est arrivé, j'ai naturellement demandé à ce qu'il ait les mêmes droits. Et là, refus catégorique sous prétexte qu'étant hébergé dans le camp secondaire il devait manger dans le camp secondaire. Je montre alors le mail d'acceptation du premier mécanicien et demande pourquoi cette différence. La différence était juste que la personne qui avait accordé était en repos remplacée par son vis à vis. Mais le mail que j'avais envoyé à celui qui s'occupait de nous ici a finit dans les mains d'un grand ponte du camp qui a pris la mouche et à décidé dans un souci d'équité absolu d'enlever l'accès au camp principal à tout le monde de notre société. Malgré les mails de notre chef de projet appuyant notre demande, rien à faire, sous prétexte de calcul de quantités de repas à servir nous sommes condamnés à manger au camp ou l'on dort et tant pis si dans le calcul des repas ne sont pas pris en compte tous ceux du client final qui mangent au camp principal. Le souci d'équité à des limites et ne s'applique qu'aux citoyens de seconde zone, les migrants et les ragondins.
Publié par
Gilles Powalsh
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Chapitre 04