Un roman pour se retrouver, de la gravité à la lumière
"" C'était si étrange, si inattendu, de se retrouver soudain tous les deux seuls après des années d'éloignement, sans conjoints, sans enfants. Juste une maison vide et un mort à veiller. "La mort d'un père qui n'a pas livré tous ses secrets.
Deux amis d'enfance pour le veiller.
Marie et Sébastien ont une nuit pour découvrir la vérité.
Et peut-être, enfin, se la dire. Entre rires et larmes, un roman plein de tendresse et d'aveux"
De Virginie Carton, j'avais lu-adoré "La blancheur qu'on croyait éternelle", avec sa couverture douce et rétro, ses références musicales, ses aspirations d'enfants qu'on met de côté une fois devenus adulte, ses destins qui se croisent sans se trouver. Cette jolie histoire d'amour entre deux sentimentaux un peu gauches, mais irrésistiblement touchants m'avait collé le sourire au cœur, et j'avais découvert avec grand plaisir que ma libraire du coin recevait l'auteur pour son nouveau roman.
Avec "La veillée", changement d'ambiance, changement de décor ! Des amis que la vie a éloignés pour une histoire qui prend place autour de la veillée d'un corps, et puis quoi encore? Bizarre, surréaliste, glauque? Non, juste intime, déstabilisant, presque burlesque, hors du temps et de la normalité. Idéal pour parler vrai, finalement. Perdre un parent, c'est perdre son enfance au passage, c'est prendre une terrifiante claque de vie. Et dans ces heures de veillée entre Sébastien et Marie, on s'y retrouve, on s'y livre, on laisse tomber les masques, on fait briller l'amitié et l'importance des liens qui nous relient à ceux qui comptent, quelques soient leurs mensonges, leurs secrets cachés. Des confidences offertes dans le cocon nocturne, sans tabous. Parce que la nuit réserve son lot de surprises, de sensibilité qui dérape en fous-rires. Et soudain, un bouleversement, avec l'arrivée d'un personnage incroyable et des révélations qu'il apporte sur ce père qu'on croyait connaître. Un huis-clos au timing court, au plus proche des personnages et de leurs sentiments nus, leurs rêves et leurs regrets.
Ne vous fiez pas à sa couverture monochrome, ce roman vous fait ressentir la palette de couleurs des émotions intimes. Un sujet grave? Oui, celui de la liberté, des liens d'amitié qu'il faut nourrir et de la vie qu'on se choisit. Quoi de plus important?
Même s'il joue sur une autre corde que ses précédents textes, s'il est peut être plus personnel, on retrouve les traits de Virginie Carton avec la sensibilité musicale et les références des années 80, et surtout ce registre de tendre intimité qui lui va bien. Allez, ce n'est pas (seulement) parce qu'elle est lilloise elle aussi, mais vraiment, c'est une auteur à découvrir!
La veillée, Virginie Carton, Editions Stock, (mars 2016), 224p., 18€