La Chine s’est éveillée

Publié le 21 juin 2016 par Observatoiredumensonge
  • La ceinture économique de la nouvelle Route de la Soie, reliant la Chine à l’Europe par voie ferroviaire via l’Asie centrale et occidentale ;
  • La route maritime de la soie, reliant la Chine à l’Europe par voie maritime via l’Asie du Sud-Est et le Moyen Orient.

Pour faire face à cet immense projet, des moyens ont été mis en place pour financer la nouvelle Route de la Soie. Le fonds souverain China Investment Corporation, l’Asian Infrastructure Investment Bank (AIIB) créé et dirigé par les chinois pour financer les investissements en Asie, le Silk Road Fund, un fonds de financement doté de 40 Mds de dollars.

Une stratégie d’investissement différente : les réseaux pour conquérir le monde
La Chine va connaître une autre phase de croissance au cours de laquelle les échanges seront gagnant/gagnant, car le dialogue sera désormais plus équilibré. On n’arrivera pas à un développement gagnant/gagnant si on n’améliore pas l’éducation, l’éclosion de talents, les communications inter culturelles, l’accès aux ressources, le partage de l’information et du savoir. La nouvelle stratégie de la  Route de la Soie  consiste aussi à former des talents multiculturels avec 10 000 bourses accordées par le gouvernement chinois aux étudiants des pays se trouvant sur le trajet de cette route.
La Chine est en train de mettre en place une organisation en réseau dans les cinq continents pour partager la valeur ajoutée avec ses partenaires. Le réseau s’inscrit donc dans la durée et dans la vision globale des besoins des partenaires qui trouveront leur compte dans cette forme de collaboration dynamique et de partage gagnant/gagnant. Les alliances dans les marchés tiers renforceront les partenaires du réseau dans la chaîne de valeur.
Le réseau mis en place améliorera le dialogue, la communication, les échanges culturels, le partage et la coordination entre toutes les parties prenantes. Il identifiera dans son domaine les « best practices » utilisées dans d’autres pays, partagera les expériences, collectera et diffusera toutes les informations pour favoriser l’échange, tout en mettant en place une méthodologie de consolidation de données. Cette société en réseaux produira une valeur ajoutée forte en inventant des modèles de consommation et d’exploitation.

Vers une diversification des secteurs ciblés
Les investissements directs chinois à l’étranger ont atteint en 2015 un total de 150 Mds de dollars. Pour la première fois les investissements directs à l’étranger (IDE sortants) devront dépasser en 2016 les investissements faits par les entreprises étrangères en Chine (IDE entrants). Ceci reflète un changement de position des entreprises chinoises dans les chaînes de valeur de l’économie mondiale. La Chine a assoupli les règles des IDE sortants ce qui a abouti à un accroissement du nombre d’investisseurs à l’international et a multiplié les communications sur la levée des restrictions imposées aux investissements étrangers en Chine. La Chine dispose de plus de 3 000 milliards de réserves de change et ce n’est que la partie de l’iceberg que nous apercevons dans ses investissements. Il est évident qu’ils investiront encore de grandes sommes d’argent en Europe, d’autant plus que les dollars valent plus avec la baisse de l’euro.

Les pays en voie de développement 
Si des accords de libre-échange sont négociés avec des pays développés, la Chine mise sur les pays en voie de développement, et notamment l’Afrique qui reste un immense réservoir de ressources et surtout un marché accessible pour les produits chinois. Dans ces pays la Chine finance des projets d’infrastructures en échange de clauses préférentielles pour l’accès aux ressources et aux marchés locaux grâce aux facilités de crédit. Les chantiers sont généralement pris en charge par les entreprises chinoises et on compte en 2015 plus d’un million de ressortissants chinois travaillant à l’étranger. Nous donnons à titre d’exemple quelques projets d’investissement dans ces pays :

  • En Afrique de nombreuses infrastructures sont mises en place pour relier les capitales africaine, par air, routes et par TGV.
  • En Amérique du sud, relier par le train l’océan pacifique a l’atlantique (du Brésil au Pérou) soit un investissement de 30 milliards de dollars.
  • En Egypte 50 milliards de dollars pour construire la capitale administrative du Caire, avec un aéroport plus important que celui de Singapour.
  • Au Pakistan pour financer les infrastructures avec plus de 40 milliards de dollars afin de relier l’Asie centrale à la mer d’Oman.
  • A Moscou une ligne TGV va être construite pour relier Pékin, son cout est estimé à 230 milliards de dollars

L’Europe 
Avec 61 Mds de dollars d’investissements cumulés au sein de l’UE sur la période 2000-2014, ils ont atteint 23 Mds de dollars en 2015 dont 3,6 en France. C’est la première destination des investisseurs chinois devant l’Amérique du Nord (17 Mds de dollars). Ces investissements se sont concentrés dans un premier temps sur la technologie, les infrastructures et l’industrie lourde. Les entreprises chinoises montent à présent en puissance dans des secteurs autres que le manufacturier, et notamment dans l’immobilier, avec 3 Mds de dollars en 2014, les technologies de pointe, l’agroalimentaire, avec des acquisitions importantes pour s’assurer un accès aux filières d’approvisionnement en misant sur la croissance rapide du marché chinois de la consommation. Les transports et les infrastructures ont également dépassé 2,4 Mds de dollars en 2014 du fait de la croissance du tourisme chinois à l’étranger.

La France
La France a de nombreux avantages pour répondre aux attentes des investisseurs chinois. Elle est située dans le centre de l’Europe et assure un tremplin vers l’Afrique, elle possède une excellente infrastructure, une main-d’œuvre de qualité et un bon environnement pour l’innovation. Avec sa technologie haut de gamme elle devient un véritable partenaire pour le marché tiers de la majorité des pays en voie de développement.
A la fin de septembre 2015, l’investissement chinois cumulé en France était d’environ 8,64 Mds de dollars dont 3,6 Mds en 2015. Au cours de la visite en 2015 du Premier Ministre Li Keqiang en France, il a été signé un mémorandum sur le renforcement de la coopération dans le domaine du commerce électronique avec l’entreprise Alibaba, sur le marché tiers, et sur la plate-forme d’échange entre les entreprises franco-chinoises. La Chambre de Commerce et d’Industrie de Chine en France (CCICF) a été créée. C’est la troisième Chambre de Commerce de la même nature que la Chine a établi dans les principaux pays du monde, après les Etats-Unis et l’Allemagne. Son but est d’élargir la participation des entreprises chinoises et françaises pour promouvoir les échanges économiques et commerciaux.
Parmi les investissements en 2015, citons le rachat du Club Med (1,1 Md d’euros), le Louvre Hotel par Jin Jiang (1,3 Mds euros), l’achat de 80% du groupe de mode SMCP pour 1,3 Mds d’euros, l’aéroport de Toulouse, l’usine de fabrication de poudre de lait dans le Finistère. Le Groupe CIC a payé 1,3 Mds d’euros pour acheter 8 centrales d’achats en France, le Group HNA a investi pour acquérir la participation de 10% dans le groupe PVCP (Pierres et Vacances Center Parcs) les deux parties ont créé une joint-venture en Chine, China General Nuclear Power Corporation fait l’acquisition de l’entreprise française Inovia Concept Development dans le photovoltaïque, China Investment Corporation prend une participation dans GDF Suez, Dongfeng Motor Corporation achète une partie de PSA pour 1,3 Mds d’euros. Tous ces exemples établissent le nouveau record de l’investissement chinois en France.

Devant une stratégie mondiale d’investissement et avec tant de dynamisme commercial, que font les Etats Européens (UE) et en particulier la France ? La Chine s’est éveillée…

Hervé AZOULAY  et Shiwei WU

Hervé AZOULAY est intervenant à l’Université de Renmin (Chine)
Auteur d’un livre en chinois en 2014 : « Les réseaux d’entreprises pour conquérir le monde »
(250 pages aux éditions du Peuple à Pékin)
Président d’ATHES Finance et Participations
Hervé AZOULAY est l’auteur, entre autres, des articles, cliquez sur un titre pour l’ouvrir : Air France, le fiasco des corporatistesAREVA le fiasco du corps des MinesSciences Po mort programmée
Shiwei WU
est Docteur en Sciences économique et Sciences de gestion,
Rédacteur de la « Collection franco-chinoise de livres de sciences de gestion » (par China Publishing Group)
Fondateur de Silk Road Business School

En 2016, la Chine sera la première puissance économique du monde!

*** Attention ce texte est une TRIBUNE LIBRE qui n’engage que son auteur*** 

Ici à l’Observatoire du MENSONGE, nous aimons la liberté de publier. Ce qui ne veut pas dire que nous approuvons.

Du même auteur : Nommer l’ennemi et fixer le but de guerre et La lettre ouverte au Président des trois Généraux

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