Cet été, nous serons sur la route de Richard cœur de Lion en Limousin ( déjà commencée, par Limoges1; Limoges2 et Limoges3) ; aussi, voici un résumé de la situation médiévale.
Le système féodal ( suzerain et vassal ) rend la description assez complexe...
Le comté du Limousin était décomposé, au point de disparaître en tant que subdivision administrative, en huit vicomtés et autant de vicomtes belliqueux. Il faisait partie du duché d’Aquitaine, son suzerain était le comte de Poitiers. Indépendamment (!) l’évêque gérait son diocèse, dont les frontières calquées sur des vieilles limites gauloises resteront stables jusqu’à la Révolution.
Le vicomte de Limoges, dès le Xe siècle, s'émancipe, alors que la Marche reste inféodée au Comte de Poitou.
La Province de la Marche est formée au Xème siècle aux dépens du Limousin et du Poitou, sa frontière Sud passant juste au Nord de Limoges. Elle devint Comté frontière du Limousin, et correspondait au département actuel de la Creuse, de la moitié Nord de la Haute-Vienne (région de Bellac), ainsi que de quelques cantons de la Vienne et de la Charente. Charroux devint sa première capitale. Le Comté comprenait la Haute et la Basse Marche. Les Marches étaient des Provinces frontières, chargées de défendre l'intérieur des possessions royales.
La frontière entre le parler d'oïl (Français, Normand, Picard, Orléanais, Bourbonnais, Champenois, Lorrain, Poitevin, etc.) et le parler d'oc (Limousin, Auvergnat, Gascon, Languedocien, Provençal, Catalan, etc.) se situait au nord de Guéret ; le droit coutumier et le droit écrit se chevauchaient plus ou moins.
Quatre vicomtés émergent : Comborn, Aubusson, Ventadour, Turenne ; celui de Limoges déborde en Périgord...
Au IXème siècle, - à Limoges - un vicomte représente donc le comte de Poitiers ; il s’est installé à l’écart de la Cité épiscopale, sur un site de carrefour où il a établi une motte castrale. Une chapelle placée sous le vocable de saint Michel (dite des Lions) est construite dans la basse-cour du château.
C’est la même famille qui se maintint dans cette fonction vicomtale de Limoges, du IXème au XIVème siècle.
Avec l'essor économique de la fin du XIe siècle et le développement des flux humains et notamment des pèlerinages, les nombreuses abbayes limousines déjà existantes s'agrandissent et de nouveaux ordres religieux s'implantent dans la région. Ainsi sont construites les splendides églises abbatiales et collégiales romanes de Beaulieu-sur-Dordogne, de Solignac, Le Dorat et de Saint-Léonard-de-Noblat. La plus important de ces implantations religieuses est sans conteste l'abbaye Saint-Martial de Limoges.
Plaque de l'autel majeur de l'abbaye de Grandmont Œuvre originale Vers 1189-1190 - Saint Etienne de Muret apparait à son disciple Hugues de Lacerta La chapelle Saint-Martial du Palais des Papes d’Avignon
Au XIe siècle, le culte de Saint-Martial est largement promu... Il draine de nombreux pèlerins dont en premier lieu les seigneurs d'Aquitaine et comtes de Poitiers.
En 1095 : le Pape Urbain II à la noël, à Limoges, appelle à la croisade. En même temps, il consacre l’église abbatiale Saint-Sauveur de l’abbaye Saint-Martial et la cathédrale. Enfin, se développent les abbayes de Vigeois, d’Uzerche, d’Ahun et de Beaulieu, et les établissements canoniaux de Saint-Junien, Saint-Léonard-de-Noblat, Évaux, Le Dorat, Saint-Yrieix, Saint-Martin-de-Brive.
Sont fondés :
* L'ordre de Grandmont (1076) :
Étienne, originaire de Thiers en Auvergne, s’installe au pied des monts d’Ambazac, à 20 km de Limoges, dans le duché d'Aquitaine. Il fonde l’ermitage de Muret, vers 1076
Henri II Plantagenêt s'intéresse à Grandmont. Il s’en sert de base pour contrôler le Limousin et ses vassaux. Lui-même et ses fils participent à la construction des bâtiments à l’essor de l’ordre en Aquitaine, Poitou, Anjou, Normandie, Angleterre. Aux nouvelles implantations Plantagenêt répondent les fondations du roi de France : 159 celles entre 1124 et 1274. Plus de 80 % des actes de fondation se situent entre 1189, date de la canonisation du fondateur, et 1216.
* L'abbaye d'Obazine (cistercienne en 1147). L'église abbatiale commencée en 1156 est consacrée en 1176, et fut l'une des plus grandes églises du Limousin. Au XVIIe siècle, l'abbaye compte près de 300 religieux.