"Laissez venir l'immensité des choses"
(C.F. Ramuz)
Ils en font tout un mot:
ils ont l'air d'en savoir
tellement à propos
de la réalité du réel
qu'on se demande un peu
si ce n'est pas trop peu
demander à l'éclair.
La clairière est immensité.
Ton imagination
déborde de partout.
La forêt, les déserts,
des bras qui vont s'ouvrir,
un ado qui se tue,
la lumière oubliée
dans la chambre de la patience.
Un théorème à l'état pur,
j'entends: purement virtuel,
ou l'épure d'un nom
de fleur dans le salon
d'un Mallarmé mallarméen...
L'ouvrier arménien
est-il plus réel ou moins
que le parfum poivré
du trader irlandais ?
Le réel du pinceau
plus réel que celui
de l'encre indifférente ?
Et la décence plus réelle
que l'agitation
aux guichets affolés ?
L'Histoire a-t-elle vraiment été
arrachée de ses gonds ?
Le cinéma fini
après Kiarostami ?
Et mes fantasmes moins réels
que la réalité rebelle ?
Words, words, words, words, words, words,
la poésie le dira-t-elle ?
(En forêt, 1986-2016)