En mémoire de Katia
Passé le seuil, c'est là:
la nuit nous accueille en silence,
et ils sont la, tous là,
les arbres de la nuit
qui dansent sans un pas.
Immenses plus qu'au jour:
la nuit les agrandit.
Dans les chambres d'hôtel
s'il y a une Bible
ou parfois un Coran,
quand on ouvre le Livre ,
c'est pareil: le monde
soudain est agrandi.
Immensément rouge le chêne :
le chêne américain,
immense aussi sera
le sycomore qui est là,
un peu trop jeune encore
pour s'imposer à ceux
qui voient en lui un peu
de la personne déplacée...
Mais des plus familiers,
d'essence coutumière,
érables ou foyards,
aux écorces plus rares,
aucun n'est étranger
de ceux- la qui autour
de notre maisonnée
font une autre maison,
plus grande et protégée
par le manteau de nuit;
et point d'exception
pour l'arbre de Judée
où se pendit Juda
et dont les feuilles tremblent -
notre arbre de mémoire.
Muets et solitaires,
présents, indifférents,
nos ombres sombres ou claires,
les arbres sans attente
veillent aux nuits d’été.