Sur la route Richard Coeur de Lion : Saint-Yrieix et Jumilhac – 3/ -

Publié le 11 juillet 2016 par Perceval

Saint Arède d'Atane ( Arédius) naquit entre 510 et 516, à Limoges. Il fonde un monastère à proximité de la villa de sa mère, au lieu-dit Atane, où il est enseveli. La réputation de sainteté d’Arédius attire de nombreux pèlerins à Attane, autour du monastère ( VIe et VIIe s.) et une ville se développe.

Vers 1090, le monastère devient une collégiale.

Richard cœur de Lion entretient des relations avec l’Église de la région : il est le protecteur de l’évêque de Limoges, de l'abbaye de Solignac, du chapitre de Saint-Yrieix, des prieurés des Salles et du Chalard.

En 1181, Henri II, roi d'Angleterre, père de Richard Cœur-de-Lion, passe quelques jours à Saint-Yrieix. A la même époque, l'ambitieux doyen de la collégiale, Bernard, oncle du vicomte de Limoges, fait remplacer l'édifice roman du XIe s., par l'église actuelle.

Sous les règnes des vicomtes de Limoges : Adémar V (1148-1199), Gui V (1200-1230) ou Gui VI (1230-1263), trois seigneurs qui ont été particulièrement actifs en leur temps et on fait bâtir de nombreux sites fortifiés sur leur territoire, dont Château-Chervix, la tour du Plô à Saint-Yrieix-la-Perche - Les vicomtes de Limoges, pour asseoir leur autorité et leur justice, font ériger vers 1243 la tour de Plô ( de l'occitan : petit plateau) qui sera un sujet de discorde pendant près de trois siècles ( 1247-1505)...

Ces châteaux forment ainsi une unité architecturale avec leur donjon dit « tour carrée ».

Ainsi, cours du XIIe siècle, la ville s’agrandit et déborde des remparts qui entourent l'enclos canonial. Des artisanats se créent, des moulins et des tanneries se développent. Vers 1250, la châtellenie ( càd : une étendue de pays, comportant château et fiefs, placée sous la juridiction du seigneur châtelain) de Saint-Yrieix s'étend sur une douzaine de nos communes actuelles et se réduira au nombre de six vers 1500.

- La Tour du Plô

La tour est l’unique vestige civil du monde féodal, témoin de l’ambiance de l’an mil à la fin du Moyen Âge. Édifiée par le seigneur, elle permettait de protéger la population mais aussi de les dominer et d’imposer ainsi ses droits de police et de justice.

La tour du Plô est un donjon en pierre de plus de 20 mètres de haut. En occitan, «plô» signifie «petit plateau» ou «place sur un point élevé». Elle est construite en haut de la rue de la Pierre de l’Homme et avait à son pied une cour ovale (où le prévôt exerçait son pouvoir de haute justice).

Le 2e étage de la tour était réservé au Vicomte de Limoges lorsqu’il faisait escale ; l’entrée était au 1er étage, à cinq mètres au-dessus du sol. Le rez-de-chaussée servait de prison et le 3e étage permettait à la garnison des «gens d’armes» de faire le guet et portait la bannière du vicomte.

La tour a été classée aux Monuments historiques en 1998.

Jumilhac relève de l'autorité des vicomtes et des évêques de Limoges dès 480.

Détruit par les Wisigoths ( 472), les sarrasins (730) et les normands (846) ; le fortin initial est fortifié par les francs pour défendre le vicus où, sous le mérovingien Dagobert (629-639), l'on battait monnaie.

On sait que dès 1152, la forteresse est convoitée tant par Philippe-Auguste que par Richard cœur de Lion. Délaissée ou détruite pour asseoir le pouvoir royal, elle est reconstruite en 1289 par les Bruchard, co-seigneurs de Jumilhac avec les 'La Porte' au XIIIe s. Conquise par les troupes du Prince Noir au début de la Guerre de cent ans ( 1337-1453), elle est reprise comme Saint-Yrieix par Du Guesclin en 1370, puis démantelée.

À la fin du XVIe siècle apparaît alors un riche maître de forge, Antoine Chapelle. Il épouse l'héritière de la seigneurie de Bruchardie, et acquiert par achat, en 1581, la seigneurie de La Porte, devenant ainsi le premier baron de Jumilhac.

Sa fortune lui permit de fournir des canons et des subside à Henri de Navarre afin de l'aider à conquérir le trône de France. Après son ascension au trône et en remerciement Henri IV érigea en 1597 Jumilhac en comté, avec suzeraineté sur toute la région.

Son petit-fils François Chapelle, obtient que Jumilhac soit érigé en marquisat, par lettres patentes de 1655, enregistrées en 1657 par le parlement de Bordeaux. Ses descendants gardent le titre et le portent jusqu'en 1980.

Le château résonne toujours de la terrible histoire de Louise de Jumilhac ( mariée à 16ans en 1610) , enfermée vingt ans dans sa pièce appelée «La Chambre de la Fileuse» où sur les murs on peut voir encore les vestiges de peintures naïves, tracées d'une main malhabile sur l'enduit qui recouvre les murs et où un autoportrait l’immortalise ; enfermée pour avoir trompé son mari Antoine II Chapelle parti guerroyer bien loin...

Surnommée 'La Fileuse' pour la navette qu’elle lançait du haut des tours pour correspondre avec son amant, celui qu'elle avait aimé avant son mariage et qui, déguisé en berger, venait faire paître ses moutons dans les prairies proches du château. Lorsque son mari surprit le manège, il incarcéra son épouse infidèle pendant de très longues années dans la pièce qui porte aujourd'hui son nom.