Magazine Journal intime

Direction le centre thermal...

Publié le 18 juin 2008 par Anaïs Valente

L’accès est surveillé par une masse de jolies jeunes filles souriantes, lesquelles remettent des bracelets magiques à tout qui montre patte blanche (et sort le portefeuille).  Bracelets magiques, car ils permettent d’entrer, de sortir, de circuler, d’enfermer ses affaires dans un casier, le tout uniquement grâce aux ondes qu’ils dégagent.  Dingue, je sais.  Vous ne vous en remettrez pas de sitôt, je sais.  Info du siècle, je sais. 

Eugénie et moi montrons donc patte blanche, réglons nos futurs soins au moyen de la carte magique (elle aussi !) dite « de crédit », et pénétrons enfin dans le centre.  L’ambiance fait un tantinet piscine communale améliorée, et je ressens ce frisson d’horreur caractéristique à l’approche de l’eau, mélange d’angoisse des profondeurs et de dégoût de cette eau glacée qui va m’engloutir, j’en suis sûre.

J’oublie cependant vite mes appréhensions.  Très vite.  Au moment même où mon gros orteil pénètre la piscine thermale, je suis envahie d’un bien-être orgasmique : elle est chaude !  Mais chaude de chez chaude.  36 degrés ma bonne Dame.  Degrés Celsius, of course.  Descendre dans une piscine chauffée à 36 degrés, au moyen de marches et non d’une échelle métallique crampogène, c’est un bonheur en soi.  J’ai horreur des échelles via lesquelles on descend dans une eau puant le chlore à 21 degrés.  Cette eau ci est naturellement salée, moins que la mer, mais salée.  Etrange.  Et chaude.

Un régal.  Auquel s’ajoute celui des jets de massage, disséminés tout le long de la paroi, qui permettent un circuit de massages allant des chevilles aux épaules.  Des jets de massages géniaux, mais surtout drôles, car ils prennent un malin plaisir à s’infiltrer dans le bikini, tentant par tous les moyens de nous rendre involontairement naturistes.  Non mais !  Le naturisme c’est pour demain, dans la partie du centre qui y est consacrée.  Ne vendons pas la peau de l’ours... enfin vous connaissez le topo.

Le soleil montrant le bout de son nez, nous nous précipitons dans la seconde moitié de la piscine thermale, située à l’extérieur.  Même avec une température relativement fraîche (« en-dessous des normales saisonnières », a dit Miss Météo), la sensation est chaude, grâce aux fameux 36 degrés.  Le jacuzzi extérieur nous accueille à grands coups de vagues, ballottant nos corps de sylphides (ah ben si) de gauche à droite, puis de droite à gauche.  Il n’y a pas foule, ce qui nous permet de profiter pleinement des installations.

11h40.  Premier soin.  Kaiserbad.  Baignoire en bronze.  Robinetterie à l’ancienne.  Ambiance tamisée.  Bougies.  Eclairage passant par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.  Mon bain m’attend : lavande camomille, pour un effet relaxant garanti.  Rien que l’odeur et la vue me relaxent, et je me plonge avec délectation dans mon bain, entièrement nue, comme l’a conseillé mon guide du jour.  Une demi-heure de bonheur intégral, durant laquelle j’hésite entre fermer les yeux pour une relaxation totale ou les garder ouverts pour m’imprégner de l’ambiance au maximum.  Pas vraiment le temps de choisir, mon organisme se relaxe tant que je m’assoupis un court instant.  Ma tête dodeline doucement lorsque mon guide vient me sortir de l’eau.  Je me sèche doucement, lorsqu’une horrible odeur m’envahit.  Horrible.  Immonde.  Putride.  Un instant, je me demande si je n’aurais pas laissé échapper une flatulence (fichtre) dans mon demi-sommeil.  Je réalise ensuite que cette odeur pestilentielle provient d’un genre de « bouche d’évacuation » située au sol.  Je la recouvre rapidement du tapis de sol, mais rien n’y fait, la puanteur subsiste.  Cela gâche un peu le plaisir.  Un peu seulement.

Retour au bord de la piscine thermale, pour un pique-nique rapide et interdit...  Le jambon de parme et le melon préparés pour l’occasion ne m’ont jamais semblé aussi bons. Sans doute car mangés à la sauvette.  Le centre regorge de restaurants proposant des menus gastronomiques ou diététiques, dont le point commun est qu’ils sont hors de prix.  Un pique-nique suffira.  Le resto, ce sera au soir.

Je me lance ensuite dans la lecture du dernier Accro du shopping, qui me fait rire aux éclats.  Après quinze pages seulement, je m’endors lourdement, jusqu’à l’heure du soin suivant : un massage.  De cinquante minutes.  J’ai pris la totale.  Le plus long.  Histoire d’en profiter un max.  Ma masseuse parle allemand.  Et le massage s’avère être ... allemand.  C’est qu’elle a de la poigne, ma masseuse.  Une main de fer dans un gant de fer.  Pas désagréable, mais j’avoue avoir connu mieux lors de précédents massages.  Surtout au moment où elle lève brusquement mes bras pour les masser avec énergie.  Keskils lui ont fait, mes pauvres bras, titchu.  Limite si elle ne se met pas à me frapper le dos avec la tranche de ses mains métalliques. Le seul avantage, vu les quatre seuls mots de français qu’elle connaît, savoir « mettez-vous sur le ... » (suivis de la désignation de mon bide ou de mes fesses), elle se tait durant toute l’opération.  Et moi j’aime ça, le silence, durant les massages.  Nul besoin de causer météo, régime ou potins mondains.  Du silence, please.

Je rejoins ensuite Eugénie, qui partage mon avis sur le massage dispensé : sympa, mais pas orgasmique.

Presqu’immédiatement, nous partons pour le soin suivant : le Sabbia med.  Kekseksa, me direz-vous ?  Description : « Couchée dans le sable chaud, vous vivez le déroulement d'une journée entière dans le désert. Après le lever du soleil, vous suivez l'impressionnant jeu d'ombre à l'horizon, le soleil atteint son zénith, puis se prépare à son déclin ; un jour dans le désert va prendre fin. Vos soucis et vos tensions s'enlisent dans le sable et vous sentez la légèreté qui vous entoure. »  Bon alors, je me dois d’être réaliste et de ne point vous mentir.  D’abord, le sable gratte et fait un mal de gueux lorsque l’on marche dessus.  Je sais, je suis très sensible de la plante des pieds, j’en peux rien.  Ensuite, ça se voit très mal sur la photo, mais on doit se coucher sur un genre de grand essuie en papier rêche qui irriterait la fesse la plus résistante.  Et puis, les lumières sont hyper éblouissantes, sans doute pour les besoins de la thérapie, mais c’est violent de chez violent.  Pensant à ladite luminothérapie, je me force à garder les yeux ouverts, au risque d’avoir des brûlures irréversibles.  Finalement, je m’endors lourdement, et je rêve (enfin je cauchemarde) qu’un spécialiste me serine agressivement « gardez les yeux ouvert, forcez-vous un peu, enfin ma chère ».  Je me réveille en sursaut, totalement hébétée et angoissée.

En conclusion, le premier soin est organisme, le second l’est un peu moins, le troisième ne l’est point du tout (je vous le déconseille carrément).

Nous rejoignons ensuite la piscine thermale, toujours à 36 degrés, et nous taillons une énooooorme bavette, en suspension dans cette eau si chaude, sous les rayons du soleil qui, après une grosse averse durant nos soins (y’a un bon Dieu), nous fait encore l’honneur de sa présence.  Sans doute le meilleur moment de la journée, alliant complicité, rires et discussions intenses sur ..., ... et ....  Ah ben non, je ne dirai rien, rien de rien, je l’ai promis.  Et puis que vous dire sur nos discussions de bonnes femmes, sur les mecs, la vie, le sexe, les stars people, le boulot, les rêves, les envies, si ce n’est qu’il s’agit tout bonnement d’une version à la belge de Sex & the City, rien de plus, rien de moins.

Jetant un œil à ce qui m’entoure, je réalise que pas mal de gens se relaxent en faisant la planche.  Moi, j’ai jamais sur faire la planche.  Car je redoute plus que tout (quasi plus que les mygales, quasi plus que les grands zoisiaux de métal) avoir une goutte d’eau dans l’œil.    Je redoute également avoir la tête dans l’eau.  Alors faire la planche, très peu pour moi.  Je n’y suis jamais parvenue.  Je me crispe comme une huître sentant qu’elle va être dévorée sous peu.  Rien à faire, je ne peux imaginer mon corps flottant.  Mais j’en ai envie, là d’un coup.  Alors, profitant de la rampe qui parcourt toute la piscine afin d’aider les personnes plus âgées, et sous les encouragements d’Eugénie, je me lance.  Je mets ma tête en équilibre sur la rampe, j’écarte les bras tel Jésus sur la croix et je laisse flotter doucement ma carcasse.  Et ça marche.  Je flotte.  Je flotte.  Je flooooooooooooooootte. I’m the king of the world.  Le mouvement de l’eau me fait m’éloigner du bord.  Ça y est, je fais la planche.  N’y croyant pas, je bassine (ah ah ah, bassiner dans un bassin, génial non ?) Eugénie : « Je fais la planche là ? Je suis droite ?  T’es sûre ? J’ai la bonne position ?  Je fais la planche ? Hein ?  dis ? »  Je n’y crois pas.  On m’annoncerait que j’ai gagné au Lotto ou réussi un examen d’entrée dans un big méga magazine féminin que je ne serais pas plus contente.  Enfin peut-être un peu plus, à bien y réfléchir, mais vraiment un tout petit peu.  Je sais faire la planche !  Alléluia.  Et j’aime ça.  Alléluia.  Ma vie ne sera plus jamais pareille. J’aime tant ça que je recommence sans cesse, pour me prouver que j’y arrive encore.  Pire qu’un gosse lors de son premier tour de roue sur un vélo dans petites roues.  Je fais la planche à 16h25. Je fais la planche à 16h25.  Je fais la planche à 16h30.  Je fais la planche à 16h35.  Je fais la planche à 16h40.  Je fais la planche à 16h45.  Je fais la planche à 16h50.  Je fais la planche à 16h55. Je fais la planche à 16h60.  Je fais la planche à 16h65... oups, enfin vous avez compris.

Le bonheur total.

17h.  Aquagym.  Pour troisième âge.  Voire quatrième.  Ça me suffit.  L’eau est si chaude qu’il est impossible d’y faire beaucoup d’efforts.  D’ailleurs le bain est limité à vingt minutes d’affilée.  Nous y restons donc une heure trente.  Et en sortons en chaleur.  Au sens propre.  Rouges. Au bord du malaise.

Le soleil est toujours là.  Nous décidons donc de faire une petite balade dans le domaine, histoire de le découvrir, de profiter de cette douce fin de journée et surtout de voir la tête de la mariée du jour, une réception ayant été annoncée.  Mais point de mariée.  Juste des tas d’invités munis de coupes de champagne et tirés à quatre épingles.  Impossible de se noyer dans la masse pour profiter du repas six étoiles qui semble se profiler à l’horizon, nos jeans seraient trop vite repérés.  Dommage, j’aurais bien joué la pique-assiette.  Et puis j’imagine la scène : un beau grand brun célibataire esseulé.  Il s’approche de moi.  Me demande si je suis du côté du marié ou de la mariée.  J’avoue ma duperie.  Il sourit.  Il rit.  Il me regarde.  M’enlace.  M’embrasse.  Oups, j’ai trop abusé de piscine à 36 degrés ma parole.  On se réveille Anaïs !

Promenade dans le domaine.  Superbe.  Des fleurs à profusion.  Du soleil pour nous réchauffer.  Un moment de pur bonheur, à nouveau plein de discussions sympas.  Discuter c’est bien.  Discuter dans un tel endroit, c’est mieux.  La roseraie fait baver.  Tout sent bon.  Je suis bien.  Moment de bonheur.  Pur bonheur.

Retour à l’hôtel pour une douche rapide.  Marre de toute cette eau, à la fin.  Ridicule de se laver après avoir baigné ainsi sans cesse dans un monde aquatique, non ? 

Ensuite, direction Mondorf ville pour une petite bouffe dans un italien aux prix plus abordables.  Les patrons sont hyper sympas, les tagliatelles lardons/oignons/tomates sont divins, l’apéro est grisant.  La journée nous a éreintées : c’est fatigant de ne rien faire !  Bilan : malgré les soins un peu décevants, le reste est totalement génial.

Gros dodo réparateur, car demain... sus aux hommes à poil ! (j’ai dit « sus », pas « suce »).

Photos des soins issues du site, photos extérieures de bibi.

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mondorf3

mondorfjardin

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mondorfrose

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