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Grossesse, hypermédicalisation et angoisses

Publié le 13 juillet 2016 par Rosecommetroispommes

Me voilà à sept mois et demi de grossesse.

En sept mois et demi, nous aurons vécu un décollement du placenta et des hématomes, le diabète, un accident de voiture, une menace d’accouchement prématuré et quatre mois d’alitement. J’espère que la toute dernière ligne droite sera plus calme.

Autant vous dire que je ne vis pas cette grossesse sereinement du tout.

Ma vie se partage entre mon canapé et l’hôpital, où l’on surveille mon bébé de près.

Au début, j’ai cru que ça allait me rassurer, et que ce serait sympa d’avoir une échographie et un monitoring chaque semaine. Après tout, c’est chouette de voir si souvent son bébé.

Et puis, sournoisement, l’angoisse s’est installée. Plus je vais à ces rendez-vous, plus je suis mal. Bien sûr, avec tout ce qu’il s’est passé, je suis inquiète depuis le début de ma grossesse, mais là on est passé au stade supérieur. Je suis réellement angoissée.

Je suis au courant de l’évolution de la taille du fémur de mon fils et de son périmètre crânien pratiquement en temps réel. J’ai d’ailleurs l’impression qu’on ne parle plus de mon bébé, mais uniquement de mesures. Ces échographies n’ont rien d’émouvant, on ne me montre ni son profil ni ses petits pieds, je vois simplement un crâne ou un abdomen. Je vois des internes qui me répètent que mon bébé est trop gros, avec un air embêté, comme si j’y pouvais quelque chose.

Puis je file au monitoring, et évidemment parfois ça ne va pas. Il faudrait que son coeur batte toujours avec de parfaites oscillations, alors s’il dort trop longtemps on vient me secouer le ventre. S’il s’agite un peu trop on me demande trois fois si j’ai mangé ce matin, parce que son coeur est un peu rapide. Et puis on me fait revenir, encore, pour vérifier. On me dit que tout va bien, qu’il n’y a pas d’inquiétudes vraiment, que ça arrive. Oui, mais moi je ne peux pas supporter de tout savoir de son rythme cardiaque, de son poids, de la quantité de liquide amniotique.

Je ne suis pas médecin, et cette déferlante d’informations, dans la tête d’une femme enceinte, c’est juste support à une imagination débordante à base d’accouchement catastrophique, de malformations cardiaques et de drames.

Je finis par penser qu’il vaudrait mieux accoucher trop tôt, qu’au moins dehors il serait en sécurité. Et puis je sais très bien que non, c’est idiot, les bébés de son âge sont mieux dans le ventre de leur maman. Mais c’est dur.

Je sais aussi qu’il y a des grossesses pires que la mienne, mais j’avoue arriver à saturation. Je prends encore plaisir à deviner ses mains sous les miennes et à sentir ses petits hoquets, à lui dire que je l’attends et que je l’aime.

Mais tout ce qui est autour, tout ce qui n’est pas lui, devient pénible.

Dans trois semaines je pourrai me relever et dans cinq il devrait être dans mes bras. Pour tenir, on rêve de ces moments là, et du temps où tout ça ne sera que des souvenirs, bons malgré tout, puisque ce sera le temps où notre petit garçon grandissait dans mon ventre.

Grossesse, hypermédicalisation et angoisses


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