A Avignon, il est difficile de résister bien longtemps à l’appel du théâtre. Parce que l’on est venu pour cela, parce que les comédiens font vraiment tout pour nous y entraîner et, surtout, parce que c’est vraiment agréable de se laisser charmer. A peine arrivée, c’est donc à la chapelle Saint-Louis que j’ai vu mon premier spectacle. L’occasion a fait le larron : elle jouxte l’hôtel dans lequel je suis pour ces trois prochains jours.
Un seul comédien, Alexandre Beaulieu, interprète deux textes écrits par lui : La porte, et Le petit tailleur de pierre. Le décor surprenant, fait d’une structure métallique évoquant une maison, ou une succession de pans inclinés, sans parois, porte autant l’imagination que la lumière que promène l’acteur : un candélabre sans abat-jour, doté d’une unique ampoule à incandescence, qui brille a giorno ou s’amenuise au point de ne laisser voir que son filament luminescent comme un souvenir. Bonne voix, bien portée, que l’on a plaisir à écouter et qui, malheureusement, est parfois un peu absorbée par la hauteur sous plafond de cette chapelle, pourtant réduite par des tentures. Le spectateur en vient parfois à regretter les éclats de voix, qui brouillent les mots au point de les rendre inaudibles, situation fort heureusement rapidement compensée par une reprise de la narration sur un mode plus naturel. En revanche, le murmure et les silences prennent tout leur sens, et contribuent très largement à la magie du spectacle.
Les deux histoires sont intéressantes : la première parce qu’elle intrigue, la seconde parce qu’elle fait voyager. La Porte est une histoire d’amour, ou plus exactement une histoire de ce que l’amour est capable d’ouvrir en nous… Le Petit tailleur de pierre est un voyage onirique, dont la fin ne se devine… qu’à la fin, lors de la pénultième transformation du personnage.
En résumé, c’est un bon petit spectacle, captivant. A croquer avec plaisir en fin de journée, puisqu’il se joue à 19 h 30, tous les jours jusqu’au 30 juillet.