Voilà mon histoire :
Non loin de là, sur un fief qui ne vaut pas plus de deux cents livres, vit un brave chevalier nommé messire Guillaume, riche en bonnes qualités, mais donc pauvre d’avoir. Obligé de subsister par sa valeur, qu'il a grande, courage, honneur, probité ; il coure les tournois ; mais contraint à l'humilité il ne s’amuse pas à faire aux dames de beaux saluts ou des signes de galanterie ; il s’élance, tête baissée, à l’endroit où la foule est la plus forte, et ne se retire que quand il a terrassé ou vaincu ses adversaires. Aussi, malgré tout devient-il connu et considéré.
Voisin, de Guillaume notre chevalier, demeure un très riche seigneur, veuf et père d’une fille belle comme le jour, nommée Ermengarde . Son château , qui n'est autre que celui de Lasnours à la belle poterne..., ainsi que celui du chevalier, situés dans les bois du pays limousin, ne sont distants l’un de l’autre que d’une grosse lieue. Mais le château du vieux seigneur de Lasnours est bâti sur un monticule fort escarpé ; il se trouve en outre défendu par un fossé profond et par de fortes haies d’épines, de sorte qu’on ne peut y aborder que par le pont-levis. C’est là que s’est retiré le prud’homme ; il y vit tranquillement avec sa fille, faisant valoir sa terre qui lui rapporte annuellement mille bonnes livres de rente.Avec une pareille fortune, vous jugez bien que la demoiselle, si bien gardée, mais si belle et aimable comme elle l’est, ne doit pas manquer de soupirants.
De ce nombre Guillaume a le projet de s'y associer et réfléchit aux soins de se faire remarquer et tenter de lui plaire...
Y arrivera t-il ?
A suivre ...