Jean-Baptiste Pedini | [D’ici]

Publié le 08 août 2016 par Angèle Paoli

[D'ICI]

D' ici, on aperçoit à peine la lame rouillée du soleil. Ça vient et ça s'éloigne et ça n'arrête pas de brunir. La lumière est friable, l'obscurité la réconforte. On en aime le dépouillement et l'au revoir discret. Sans larmes. Sans effusion. Sans fumée ni tambour. Sans même un bref salut. Jean-Baptiste Pedini,
Il se fait tard. Une déchirure s'opère entre la plage et l'océan. Un cargo met le cap à l'ouest. Pleins gaz. Tout s'apaise à présent. Tout est enfin léger. La sirène du cargo, la falaise, les ressacs. Leur laisser-aller.
C'est cette distance qui saute le plus aux yeux. Une ombre flâne dans les blés. On entend un bruissement. Les pierres claquent. L'humeur décline. La luminosité s'écrase tout au fond de sa niche, déjà prête à ronger le jour.
Le Ciel déposé là, L'Arrière-Pays, 33260 Jégun, 2016, pp. 30-31-32.