Elles pleurent ...

Au fond de mes yeux Les fils de fer barbelés  Voilent mon ailleurs D’une colère rentrée ! Le devoir de mémoire Disait mon grand-père, Cela sert à voir Combien est folle la haine, Qui dresse les hommes Contre d’autres hommes, Frère, époux et père, Enfant et fils d’une mère … Elles pleurent toutes pareil Chuchotait mon grand-père Avec son fort accent Ses manières, Et ses mots tremblotants. Les mêmes larmes, Celles qui font si mal, En guettant tous les matins Le fils, le père, l’époux. Elles attendent toujours Les yeux sur le chemin, Les retours incertains De ceux qu’elles aiment, Soupirait mon grand-père, Avec beaucoup de tristesse. Tous ces désirs brisés, Et ces belles vies passées. Mais fils, époux et père, Ils ont bien oublié D’où ils viennent Et celles qu’ils font pleurer ! Oui, le jour n’est pas loin Où toutes, elles pleurent En joignant les mains, Sans juger les barbelés Qui blessent leur cœur. Disait mon grand-père, Emu et magnifique. Et maintenant qu’il est parti J’écris, moi qui suis fille, Epouse et mère, Pour que personne n’oublie Et qu’il en soit fier, Ces quelques vers : Que ce jour maudit, Grand-père Plus jamais ne vienne Encombrer leurs regards D’inutiles larmes …