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Humanimalité

Publié le 19 juin 2008 par Dicidense

J’ai longtemps cru que j’appréciais les chats. Ils me le rendaient bien. Même ceux qui avait une mauvaise réputation de matou qui pense qu’à sa gueule, venaient se frotter en ronronnant contre mes jambes ce qui provoquait immédiatement la jalousie de leurs maîtres qui n’avait pas eu le quart de cette affection. Je ne faisais rien de spécial. Je n’ai jamais cherché à les attirer avec des bruits de bisous bizarres et encore moins de les retenir en les grattant sous le menton ou derrière la tête. Quand ils devenaient un peu trop envahissants je savais leur balancer une beigne discrète qui les éloignaient mais jamais très longtemps. Je crois qu’en fait je n’aimais pas les chats. J’étais juste flatté de leur affection sélective et fier de ma capacité apparente à les socialiser.

Un pote m’avait donné une explication sur notre animalité dont nous n’avions aucune conscience mais que les animaux eux percevaient et en quelque sorte révélaient. Je lui avais répondu en rigolant.
- C’est vrai j’aime jouer avec une pelote de laine et j’adore le poisson.

Il avait fait semblant de le prendre au premier degré et y avait vu des preuves de sa thèse. Mais finalement il avait raison et plus tard j’ai appliqué sa théorie : à toutes les rencontres, je cherchais l’animal, la plante, ou la créature. Je me souvient du flic vautour qui m’a collé une prune de 90 euros parce que j’avais brûlé un feu rouge en vélo, du mec morbac dont je n’arrivais pas à me débarrasser, d’une femme éléphant qui trompait son mari énormément, du voisin hibou qui épiait chaque nuit mes allers et venues et qui effrayait mes compagnes dont une magnifique femme nénuphar qui ne pouvait montrer sa beauté et exhaler son parfum que dans l’humidité…

Mais il y avait ceux qui trichaient pour le plaisir comme cette bande de potes qui se prenaient tous pour des serpents qui piquaient pour de rire. Plus graves il y avait les schizos. J’en ai connu un qui se prenait pour un chat, un petit chat espagnol, un gatito. Il espérait montrer son besoin d’affection pour tenter d’attirer des caresses. Mais tout ce qui le rattachait au félin c’est l’odeur, une vieille odeur de pisse de matou privé de chatte. Il aurait voulu être gracieux il était emprunté et maladroit. Il était incapable d’avancer en ligne droite, il zigzaguait, marquait des hésitations rebroussait son chemin : son déplacement le rapprochait de la hyène. Une haine tenace et la perfidie l’habitaient. Il vivait les rapport humains dans l’agressivité. Quand il s’exprimait c’était pour aboyer, mais dans le silence, comme une murène, car personne ne l’entendait. Il voulait être aimé, il était au mieux ignoré, au pire détesté. Bref sa créature, hideuse, était la “murhyène”.


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