Hypothèse 1 :Je suis une femme dont l'entourage me force à me couvrir (à la plage, en public, peu importe). J'en souffre mais voilà, on m'y oblige. Quel effet ont pour moi les interdictions qui tombent (écoles, plages, etc) ?Le "on" qui m'oblige à me couvrir et semble donc disposer d'une autorité conséquente sur moi ne m'autorisera plus à fréquenter les lieux qui imposent d'être "découverte". Mon espace de vie se réduit de plus en plus aux espaces privés, probablement fréquentés par des personnes qui ne sont pas trop dérangées à l'idée de cette nouvelle perte de liberté.Qu'est ce que j'ai gagné ? Rien, hormis un peu plus de désespoir.Qu'est ce que j'ai perdu ? Beaucoup : des libertés, l'accès à des portes de sorties, l'espoir.
Hypothèse 2 : Je suis une femme qui choisit librement de se couvrir, quelles que soient les raisons (religieuses, tradition, pudeur, WHATEVER). J'ai mûrement réfléchi à la question, et je couvre mon corps par choix assumé.Quel effet ont sur moi les interdictions qui tombent ?Un choix à faire : céder et me découvrir là où la loi l'exige (et probablement le faire en serrant les dents et avec beaucoup de rancoeur), ou bien ne pas céder sur mon choix d'habillement mais renoncer à ma liberté de travail, de circulation, de loisirs.Qu'est ce que j'ai gagné ? Rien, hormis un peu plus de rage contre une société qui affirme chaque jour son racisme à mon égard. Qu'est ce que j'ai perdu ? Beaucoup : des libertés.
Hypothèse 3 :
C'est le cas le plus complexe selon moi.Je suis une femme qui a grandit dans un milieu où "c'est comme ça". Je me couvre parce que les femmes autour de moi le font, parce que mon environnement exerce une pression importante sur cette question, et que se découvrir serait synonyme de rejet de ma communauté de ma part, parce que les hommes ne m'épouseraient pas, parce qu'ils penseraient que je suis une femme facile, parce que ça ferait de la peine à mes parents, parce que, parce que... NDLR : Je ne sais pas, il y a mille raisons de céder à la pression sociale. Ne pas s'habiller trop court au travail, être douce et un peu charmeuse mais pas trop, consciencieuse dans ses tâches, mais humble, jamais arrogante ou ambitieuse, la madone et la putain... les injonctions de la société envers les femmes sont nombreuses. Se couvrir en est une parmi d'autres, sauf qu'elle touche les communautés musulmanes principalement.Personne ne peut s'en absoudre complètement avec facilité. Oui, la racine, le symbole de ces pressions est sexiste, et idéalement il faudrait que chacune d'entre nous soit préservée de tout ça, puisse choisir de manière éclairée, sans formatage culturel. Mais concrètement, comment on fait ? Ça existe le "non formatage" culturel ? Quand on baigne dedans depuis toujours, comment lutter et tout remettre en question ? Il me semble que c'est un travail long à faire sur soi, long et douloureux, car il implique de se questionner en permanence. Qui peut juger celles qui ne veulent pas se lancer dans cette démarche ? Celles qui débutent sur ce chemin ? Est-on jamais assez féministe ? Par rapport à qui ? La liberté absolue existe-t'elle ?Bref, c'est complexe, quoi. Fin du NDLR qui n'en finissait pas.Quel effet ont pour moi les interdictions qui tombent ?J'imagine que cela dépend de l'importance de la pression qui pèse sur moi : quelque chose entre les deux hypothèses précédentes. Qu'est ce que j'ai gagné ? Rien, hormis le sentiment de me faire rejeter. Peut être même que j'ai envie de me replier et par effet de réaction, de défendre mon choix qui n'en était pas un. Qu'est ce que j'ai perdu ? Des libertés, encore, toujours. Des opportunités de commencer un cheminement vers moi même, mes propres envies et pas celles dont j'ai hérité.Voilà. Je n'ai pas réussi à imaginer d'autres cas. C'est simpliste et terre-à-terre. Ecrit en 10 min sur mon téléphone parce que ça m'empêche de dormir alors que demain j'ai deux enfants qui me réveilleront beaucoup trop tôt pour un jour de vacances.J'aimerais comprendre, mais je n'y arrive pas.
J'aimerais trouver une raison à ces lois liberticides, qui ne soit ni raciste ni sexiste. J'aimerais comprendre en quoi ces interdictions relèvent de la protection du droit des femmes comme je l'entends trop souvent.Globalement, on va dans le mur, non ? Sur cette conclusion enthousiaste, maintenant dodo.(j'ai retrouvé le mot de passe de mon blog, mais il ne sert plus qu'à vider le trop plein de mon cerveau et m'éviter des insomnies. Désolée)