Lorsqu’elle lui présenta l’amulette, il ne fut nullement surpris. Il ne s’enquit pas des circonstances qui avaient mené l’objet en sa possession, ni des raisons de l’intérêt flagrant qu’il suscitait chez elle. Il gratta légèrement les pieds de l’oiseau avec l’ongle de son pouce, ce qui eut le don d’agacer Marie, puis se contenta de l’examiner longuement et de le soupeser. Quand il le reposa dans la main tendue de la jeune femme, leurs chocolats chauds, à l’appétissant fumet de cacao, étaient déjà tièdes.
- C’est une amulette funéraire, dit-il. Elle a la forme d’un oiseau, que l’on appelle jabiru. - Je sais, oui, répondit Marie avec une pointe de déception dans la voix. - Elle représente aussi le bâ, poursuivit-il. Le bâ est un peu, si vous voulez, l’équivalent de l’âme. Mais peut-être le savez-vous déjà aussi. - En effet, oui, mais ce que j’ignore, c’est de quand date cette pièce. - Vous ne le savez pas ? demanda-t-il, surpris, en levant le sourcil gauche. Il scruta les yeux de Marie mais n’y décela que de la curiosité, mêlée à un zeste d’impatience. A le voir la regarder ainsi, elle craignit qu’il ne s’apprêtât à l’humilier par quelque révélation évidente pour le commun des mortels.
La présence de l’amulette, sous la célèbre place parisienne, semblait à Marie plus incompréhensible que jamais. Perplexe, elle jouait avec la cuillère à café, en équilibre sur le bord de la tasse, quand Philippe s’écria : - Je crois avoir la réponse ! N’y avait-il pas une gare sur la place de la Bastille, il y quelques années ? Ma mère m’en avait parlé quand j’étais enfant, elle prenait parfois le train pour se rendre à Marles-en-brie
- Non, bien sûr que non ! Mais j’avais totalement oublié de vous en parler, tant l’amulette me fascine, confessa-t-elle, livide.
- Et bien ? alors ? qu’avez-vous trouvé d’autre ?
A suivre...