Magazine Journal intime
Des écailles et des nageoires
Publié le 08 septembre 2016 par Gilles Poirier
Une fois le souk traversé de long en large et en zigzag entre les échoppes de burka et celles des turbans, les fausses montres Rolex et le dernier Samsung, je déboule soudain au beau milieu des écailles et des nageoires en tout genres, exposés à même le marbre. L’odeur de la mer s’imprègne au plus profond des tripes. Tripes que l’on ne tarde pas à trouver dans la salle suivante entre les côtes et les mares de sang. Je traverse très vite cette abondance de chair morte en essayant en vain de ne pas être atteint par les effluves sanguinolentes pour enfin ralentir le pas et admirer ces formes diverses aux couleurs ensoleillé des fruits exotiques contrasté par le noir des niqabs et le blanc des djellabas se frayant un chemin au milieu des étals bigarrés. Et si les terrasses avoisinantes sous cette chaleur torride et moite de cette fin de soirée m’inciterait à commander une pinte bien fraîche de cervoise amplement méritée, la situation géographique du lieu fait que cette denrée est hautement prohibée, aussi dois je me rabattre sur un surprenant Jallab, un sirop de dattes accompagné de pignons qui je dois l'admettre s’avère tout à fait réjouissant. Tandis que je savoure le beuvrage, je ris jaune de voir avec quelles contorsions les femmes s’évertuent pour manger en soulevant leur voile facial sous l’œil impassible du mari aux multiples épouses qui reste pendu à son portable. C’est vrai que je suis au Koweït.
Publié par
Gilles Powalsh