Définition, point de départ pour une réflexion sur le design?

Publié le 19 juin 2008 par Rodolphe Dogniaux @dogniaux

Ce week-end avec deux amis, nous avons eu une grande discussion sur la terminologie du mot “fleuve”. Il a été impossible de s’entendre sur la même signification. L’un prétextait que le mot désignait un cours d’eau important, pendant que le second affirmait qu’il s’agissait d’une rivière s’écoulant directement à la mer. Finalement les deux avaient raisons. Cette discussion de deux heures, sur ce qui nous paraissait une évidence, me rappelait deux choses.
1- Toutes les réflexions interminables sur certain projet à propos d’une notion connue de tous dont chacun a sa propre définition.
2- Plus récemment au cour d’une recherche sur le design et l’innovation sociale, j’ai lu, dans “le développement social au rythme de l’innovation” ( 2004, aux éditions Presses de l’Université du Québec, actes d’un colloque organisé par le Conseil québécois de la recherche sociale tenu le 16 mai 2001 à l’Université de Sherbrooke, Canada ), que pour orienter la réflexion des chercheurs et alimenter un véritable échange d’idées sur l’innovation sociale, ils ont tous été appelés à asseoir leurs réflexions sur une seule et même définition de l’innovation sociale, soit celle-ci : ” toute nouvelle approche, pratique ou intervention, ou encore, tout nouveau produit mis au point pour améliorer une situation ou solutionner un problème social et ayant trouvé preneur au niveau des institutions, des organisations, des communautés “.

Donc pour gagner du temps et de l’efficacité ayons les mêmes bases.
Dans ce blog, je parle de design et de designer. Essayons d’avoir la même définition du mot designer.
Choisissons une définition très sérieuse comme point de départ. Dans le “Dictionnaire Historique de la Langue Française” sous la direction d’Alain Rey ( aux éditions LeRobert ) la définition de designer est la suivante :

Ok, assez classique.
Sous la définition de Designer je lis celle de Désigner.

Cette définition me rappelle le texte que ma chérie avait écrit sur son blog (mh c’est moi) à propos de son désigner.

MH :

“Souvent quand je dis que mon chéri est désigné (ou designer mais désigné ça lui va mieux) ; on me dit “waouh t’as de la chance ça doit être top la déco chez toi”. Alors ouais la déco chez moi c’est top…mais c’est pas facile tous les jours de partager la vie d’un désigné surtout quand il s’agit de déco…
Pourquoi d’abord y’aurait que lui qui a du goût ? hein, et moi j’ai des goûts de patate c’est ça ? (non mais c’est vrai quoi, crotte !).
Vous avez déjà fait les magasins de déco à la recherche d’un truc précis avec un désigné ? si oui alors vous ne pouvez que compatir à ce que je peux subir sinon quelques morceaux choisis :
- l’appréhension de la qualité au regard du prix …. si les finitions ne sont pas nickel au terme d’un long examen sensitif (visuel, tactile) alors on oublie ” mais Mon Chéri c’est juste une balayette…”
- le ressenti sur le designer qui a dessiné l’objet (bien sûr si le désigner en question est indiqué) : l’objet plait aux deux partis, le prix semble raisonnable, la couleur OK, la forme OK, la matière OK, l’équilibre global OK, l’intégration paysagère dans l’habitat actuel OK, le vieillissement OK, la façon OK, les finitions OK, le confort (oui surtout pour un des deux) OK ….et là je crois que c’est dans la poche quand soudain le drame, l’œil de Mon Chéri est attiré par l’étiquette ; il jette un coup d’œil : il tique ; est ce le prix, la composition du tissu, les dimensions ??? que nenni c’est le créateur de l’objet ….”désolée ma chérie, peux pas acheter ce truc c’est une question de déontologie, j’ai déjà bossé avec lui, c’est un…..”.
- l’évolution des goûts sur la durée : mon désigné a des goûts en constante évolution, une fois c’est moche, une autre fois c’est beau, le coup d’après pourquoi pas…en général je regrette de ne pas avoir finalité l’acte d’achat le jour du “c’est beau”.
- l’eau à la bouche : “tu as vu ma chérie c’est une chaise longue Le Corbusier, elle est vraiment splendide, elle a été créée en 1900 et des poussières par cet architecte génial….” alors là moi forcément je m’y vois déjà allongée dans cette chaise longue, avec des poils de vache, sirotant un cocktail devant l’île de la tentation…mais là soudain le drame, mon œil est attiré par l’étiquette ; je jette un œil ; je tique : ce merveilleux objet coûte au bas mot un rein …inutile de dire que c’est pas pour maintenant
- la créativité : “regarde ma chérie j’a dessiné cette armoire/fauteuil/canapé, t’en penses quoi ?” “j’adore désigné chéri c’est quand que tu le fabriques ?” ….. fin de la conversation…
- l’originalité : “attends ma chérie on va voir ce sticker sur tous les murs” “oui mais moi j’aime bien” ….fin de la conversation…
- le gnagnansime : alors là c’est un concept obscur qui je pense, qualifie un objet qui pourrait être pas mal mais en fait non. Par exemple : “ah non cette lampe c’est pas du design, c’est du gnagnasime” .
Bien sûr vous aurez compris que la dernière illustration peut servir à justifier n’importe quel refus puisque la définition même du gnagnanisme n’est pas connue de son inventeur…
Enfin, c’est mon désigné chéri.”

Finalement s’il faut que j’asseye mes réflexions autour du design sur une définition du designer, je crois que je choisirais celle de ma chérie : LE DéSIGNé