Magazine Journal intime

Peut-on parler de tout sur son blog ?

Publié le 20 juin 2008 par Anaïs Valente
J’ai reçu récemment ce commentaire, rapport à mon WE de trois jours sans voir personne, sans parler à personne, celui qui précédait mon WE thalasso, souviendez-vous.  Je vous le copie en intégralité intégrale, au cas zoù vous ne l’auriez pas lu, ce fameux commentaire :
« Bon dieu, Bobonne, tu as été seule un week-end, pauvre enfant. Heureusement cela t'a permis de pondre un papier.  Il y a des gens qui sont seuls tous les week-ends et même seuls toute l'année, sans pouvoir étaler leur état d'âme comme tu le fais.  Un peu de pudeur s.t.p. »
Tout d’abord, le ton du mail, et particulièrement ce « Bobonne » ne m’a pas plu, car il sonne comme une insulte, alors que, sauf erreur, toute femme deviendra un jour une « bobonne », savoir une petite vieille ridée comme une pomme (ça me rappelle le surnom de PPMM que j’avais élégamment reçu au début du blog, souviendez-vous, les anciens qui passent peut-être encore parfois ici), cheveux blancs et peau affinée comme du papier à cigarette.  Tout homme deviendra un jour un petit vieux ridé, crâne chauve et mains tachetées.  C’est inéluctable. Alors pourquoi faire de ce mot une injure ?
Enfin soit.
Ensuite, je me suis demandé si mes propos étaient vraiment choquants.  Si parler d’un WE de solitude était interdit par la morale, la religion ou quoi que ce soit d’autre.  J’ai donc consciencieusement relu mon billet.  Et je n’ai rien trouvé de larmoyant.  Oui, j’admets ne pas aimer les WE totalement seule.  Oui, j’avoue ne pas aimer les dimanches, et les dimanches de fête des pères encore plus.  Mais pas de véritable lamentation.  Enfin je trouve.  Mais je ne suis sans doute pas très objective face à mes propres écrits.  Je le consens.  Je le conçois.
Soit.
Indépendamment de ce billet précis, je me suis ensuite interrogée sur les sujets qui ne pourraient pas être abordés sur ce blog.  Les sujets qui fâchent.  Ainsi, il m’est reproché de parler de ma solitude durant un WE, alors que d’autres le sont en permanence et vivent une situation bien pire que la mienne.  Ce qui fait que je ne pourrais point parler de solitude, car il y a plus solitaire que moi...
Mais alors, à bien y réfléchir :
Oserais-je parler des deux kilos que j’ai pris le WE dernier, sachant que certains en ont pris dix ?
Oserais-je parler de mon âge avançant alors que certains abordent le troisième, voire le quatrième âge ?
Oserais-je me plaindre de l’inflation, alors que certains dorment sous les ponts ?
Oserais-je parler de mon célibat alors que certains parmi vous le sont depuis plus longtemps que moi, ou, pire, sont veufs et connaissent une souffrance plus difficile encore ?
Oserais-je parler de mes tergiversations face à l’envie d’enfants dans ma vie, alors que certains font tout pour en avoir sans y parvenir ?
Oserais-je évoquer mon premier cheveu blanc alors que certains en comptent dix depuis des années ?
Oserais-je dire que j’ai faim alors que mon frigo est plein et que dans certains pays les gens souffrent de famine ?
Oserais-je montrer mes achats alors que certains n’ont pas de quoi se chauffer ?
Oserais-je dire que je veux un homme alors que certaines veulent se débarrasser du leur ?
Oserais-je me plaindre de mon boss alors que certains sont au chômage et rêvent d’avoir un boss, même vilain pas beau ?
Oserais-je parler de ce rhume qui me gâche la vie alors que certains souffrent d’une maladie grave, génétique, mortelle ou atrocement douloureuse ?
Oserais-je dire que je rêve d’un écran plat en guise de TV alors que certains rêveraient simplement d’une TV ?
Oserais-je me plaindre de la drache nationale alors que certains pays font la danse de la pluie, en vain ?
Oserais-je me lamenter de mon 40 mètres carrés face à ceux qui vivent dans 39 mètres carrés ?
Oserais-je évoquer mes petits malheurs alors que certains en connaissent de bien plus grands ?
Oserais-je évoquer mes petits bonheurs alors que certains n’en connaissent jamais ?
En fin de compte... selon la théorie d’Ernest, je ne pourrais plus parler de rien !  Vraiment de rien.  DE RIEN !  A la rigueur, des petits oiseaux, de la nature et de l’amour qui nous submerge tous face à la beauté de la vie, des enfants qui courent dans les champs de blé, du soleil qui brille dans le ciel et dans nos cœurs, de la vie qui fait chanter les hommes, des jolies chansons et des petites fleurs.  Amen.  
Cela deviendra vite lassant.  Non ?
Alors quoi, je ferme le blog, afin d’éviter de choquer qui que ce soit sur quoi que ce soit ?
Et bien non.  Nenni.  Nee. No.  
La conclusion de cette très longue réflexion (si, si, parfois, je réfléchis, croyez-le ou pas, je sais, c’est dingue) : je continuerai à parler de ce qui me chante.  De mon gras, de ma solitude, de mes loisirs, de mes dépenses, de ma santé, de mes rêves, de mes envies, de mes petits drames, de mes petits bonheurs et de mes WE solitaires.  Bref, de ce qui me chante.  Punt aan de lijn.  
Et vade retro Ernesto.

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