Magazine Journal intime

8 ans de blog

Publié le 04 octobre 2016 par Faelys

Chaque année, aux premiers jours d'octobre, je guette les signes d'arrivée de l'automne, pour ressortir écharpes et plaids, marcher dans les feuilles mortes, cuisiner des potimarrons et cocooner. Mon agenda déborde de partout toute l'année, et j'ai toujours mille projets en cours, mais la chute des feuilles est comme un signal pour moi, un appel à se recentrer sur ma bulle, mon chez-moi. Peut-être aussi à ralentir le rythme, à me poser davantage, écrire, et lire plus encore. Ce n'est donc pas un hasard que ce blog ait vu le jour début octobre, il y a 8 ans.

Nous avons déménagé deux fois depuis, mais j'habitais alors dans une rue de la Madeleine. En gourmande pâtissière que je suis je faisais ma première fournée de madeleines maison. Je relisais Proust (en BD !) à l'époque. Et je voulais parler de petites choses de papier qui font du bien, de petites lectures que j'avais aimé picorer. J'ai donc choisi "Les Petites Madeleines" comme nom de blog.

J'avais déjà le plaisir de déguster des blogs littéraires que j'appréciais, même si à l'époque nous étions bien moins nombreux. J'ai donc choisi le même hébergeur que certains de mes blogs favoris. Une jolie routine était lancée, ma mère prenait l'habitude de me signaler mes coquilles, je me délectais de choisir les livres dont je voulais parler, c'est toujours le cas. (merci maman!)

J'ai eu le frisson quand des éditeurs rencontrés dans des salons m'ont proposé mes premiers services de presse, quand j'ai vu apparaître les premiers commentaires sous mes billets ou la première fois que j'ai entendu "c'est toi les Petites Madeleines?!".

J'avais rencontré quelques semaines après mon premier billet une illustratrice lilloise, Lilly Seewald, qui avait accepté de me créer une bannière personnalisée. Même après quelques changements de forme pour le blog, même après des nouveaux boutons et des réorganisations de rubriques (parce qu'avec le temps j'ai simplifié), j'ai toujours gardé cette bannière, tant pis pour l'air du temps.

J'ai toujours aimé les motifs, mais je ne sais pas bien poser le papier peint et je suis juste une quiche en couture (qui par ailleurs a des amies terriblement douées avec une aiguille), j'ai donc reporté mon amour des motifs dans ces cadres que je choisis pour chaque illustration des lectures que je présente. Un petit bonheur qui ne s'essouffle pas.

J'avoue, avec le temps, j'ai considérablement modifié ma façon de "vivre" mon blog. 8 ans après les débuts, je suis toujours reconnaissante de cette chance de recevoir des livres, je suis désolée et culpabilise parfois de ne pouvoir accepter toutes les sollicitations qu'on me propose, mais les Petites Madeleines ne sont, pour mon plus grand bonheur, qu'un petit blog d'amatrice un peu éclairée, et non pas une entreprise. Pas de courses aux commentaires et aux blogs à suivre absolument, plus de scrupules à décliner une invitation/une critique/un tag/un événement (je ne suis pas parisienne, ça limite déjà), pas de chaine youtube, à peine une page Facebook que j'alimente par petites gouttes. Je ne chronique pas tous les livres que je reçois, je n'en aurais ni le temps ni la légitimité si je devais le faire à la chaine et sans intérêt autre que la communication. Je m'autorise à faire comme je veux, participer si j'ai envie, parler de ce qui me touche. Alors oui, je passe souvent à côté des buzz (que je découvre des mois après), et tant pis pour la régularité, j'espère ainsi rester motivée et sincère.

J'ai toujours le goût de me promener sur tous ces incroyables avis de lectures que l'on trouve sur les blogs ou les réseaux. Je découvre par procuration toutes ces pages que je n'aurais pas le temps de lire. Il fut un temps où je jalousais presque celles qui parvenaient à publier chaque jour, à entretenir des liens et retours dans une multitude de directions, à être sollicitées de toutes parts et à s'en vanter. Et puis j'ai réalisé que ce n'était pas pour moi. Que la formule 1 n'étourdit que dans le premier tour, et que je suis plutôt une conductrice de roulotte. Le "slow blogging" m'a permis de ne pas étouffer, de ne pas me sentir oppressée si je devais laisser le blog sans billets un moment. Le net offre de grandes possibilités, mais peut aussi assommer. J'ai parfois eu envie de tout fermer, avant de réaliser que j'étais mon seul frein et que rien ne me tenait à d'intenses publications. J'ai fait le ménage. Et vous savez quoi? Les Petites Madeleines se débrouillent très bien comme ça.

J'ai pu vivre et je vis encore d'incroyables expériences grâce aux Petites Madeleines. J'ai rencontré des blogueuses bluffantes, me suis liée d'amitié solide avec une auteure incroyable, ai fait la connaissance de professionnels passionnés, découvert les coulisses éditoriales, étoffé mes compétences, suis devenue pigiste, lectrice, formatrice en littérature jeunesse, membre de nombreux prix littéraires, collaboratrice pour des magazines, des événements littéraires. Je suis toujours et encore "prof doc de supers livres" pour mes élèves et mes collègues stagiaires, qui eux n'en ont rien à faire de mes statistiques de fréquentation (je ne les consulte plus jamais), qui veulent juste que je leur recommande de belles lectures.

Si le temps a passé, l'appétit de lectures et de partage avec d'autres passionnés ou curieux de littérature lui, n'a pas vieilli. Je n'en veux pas plus pour les Petites Madeleines, juste continuer à faire un petit bonhomme de chemin, faire des pauses au besoin, loin des projecteurs mais bien accompagnée, dans des carnets de lectures virtuelles très étoffés après 8 ans.

A vous aussi, je vous souhaite une aventure sur le net à votre image, et un joli début d'automne plein de belles pages à ramasser...

8 ans de blog

(illustration d' Andrew Davidson pour le Wall Street journal)


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