La rencontre du mythe et de l'histoire des hommes... -4/4-

Publié le 05 novembre 2016 par Perceval

Au cours des Xe et XIe siècles se fait sentir une évolution qui préfigure la grande renaissance du merveilleux au XIIe siècle. La légende d'Alexandre le Grand se répand comme une traînée de poudre. La légende du Prêtre Jean connaît une large diffusion ...

Yvain combat le dragon

Le merveilleux de la Matière de Bretagne, déjà présent chez les écrivains de langue latine (Geoffroy de Monmouth, Giraud de Barri), envahit la littérature vernaculaire, alimentant les œuvres de Marie de France et de Chrétien de Troyes. L'Antiquité et sa mythologie revivent … !
Les VIIIe et IX e siècles marquent la fin d'une période de répression ; les Xe et XI e siècles forment une période transitoire : là se mettent en place des structures, des thèmes et des motifs, là se forme un patrimoine de merveilleux, qui, dès le XIIe siècle imprime fortement sa marque à la littérature de divertissement.

Le cerf blanc était the symbol of England's King Richard II
as shown in this picture of his heraldry painted in 1396

A partir du XIIe s l'Eglise cesse de régir le domaine des lettres, parce que les traditions populaires et orales prennent une place de plus en plus importante, et que l'imaginaire s'affranchit des entraves qui bridaient ses mouvements, s'alliant avec bonheur aux éléments venus de l'Antiquité par le canal de la littérature savante. De nouveaux éléments de merveilleux apparaissent par le travail des école de traduction...

  

Chaman - cerf


 

Merlin, changé en cerf au pied blanc, rencontre l'empereur ...  Manuscrit anonyme du cycle Lancelot-Graal, 1286


 

Saint-Hubert enluminure - La légende du cerf


 

cerf-ailé-royal - Symbole royal des Valois


 

Voilà ce que dit Jacques Le Goff, sur cette perception de la ''religion populaire''
« Les grands ennemis ou concurrents du catholicisme n’ont été ni le paganisme officiel antique qui s’est effondré rapidement, ni le christianisme grec cantonné dans l’ancienne partie orientale de l’empire romain, ni l’Islam contenu puis refoulé, ni même les hérésies ou les religions comme le catharisme qui, avant d’être vaincues par le catholicisme, n’avaient en définitive pu se définir que négativement, par rapport à lui. Le véritable ennemi du catholicisme, ce fut bien l’antique serpent qu’il conjura sans l’anéantir, le vieux fond de croyances traditionnelles, ressurgies sur les ruines du paganisme romain qui tantôt s’enfoncèrent sans disparaître dans le sous-sol du psychisme collectif, tantôt survécurent en s’incorporant au christianisme et en le déformant, en le folklorisant » (1972 : Histoire des religions, II, Paris, Gallimard, coll. « Encyclopédie de la Pléiade », pp. 749-868 ).