La rencontre du mythe et de l'histoire des hommes... -2/4-

Publié le 21 octobre 2016 par Perceval

« Pour ses nobles seigneurs dont chacun s'estimait le meilleur et dont nul ne savait qui était le moins bon, Arthur fit faire la Table ronde sur laquelle les Bretons racontent bien des récits. Les seigneurs y prenaient place, tous chevaliers, tous égaux. »

Wace, Le Roman de Brut, ca. 1155
 

La table ronde de Winchester ( photo) (5 m de diamètre) en chêne, est mentionnée dans des archives du 14e s. Elle est décorée de peintures représentant le roi Arthur et la liste de ses chevaliers.

Cette table aurait été fabriquée autour de 1250-1290, sous le règne d'Edward I, passionné par le récit arthurien, à l'occasion d'un tournoi.... Le décor peint actuel sur la table fut commandé par Henry VIII lors de la visite de l'empereur Charles V en 1522...

* Deux mythologies vont se rencontrer, s'affronter, parfois fusionner ... Le christianisme et le paganisme...

La Vérité du Christianisme, ne pouvait coexister avec des traditions qui s'étaient développées bien loin d'elle. Je veux parler, bien sûr ici, du paganisme ( sous ce mot, je regroupe toutes les croyances populaires qui ont eu cours depuis plus de dix siècles, avant l'avènement de Jésus-Christ.. ! Ce n'est quand même pas rien...)

1477 - procession païenne

Les ''Pères de l'Église'' dénoncent - comme des auteurs de fables mensongères - les poètes païens, fabricants de faux dieux, ils sont responsables des superstitions et de l'idolâtrie...
Les apologistes chrétiens s'appuient sur la parole du Psaume (95,5) pour dire que les dieux des nations sont des démons... C'est intéressant: ils existent donc;  mais, sont démoniaques ...
Au Moyen-âge, seule l'Église est en mesure de reproduire et de diffuser des écrits, de constituer des bibliothèques ; elle peut donc opérer une censure de facto et ne divulguer que ce qui sert ses desseins. Nous assistons alors à un double mouvement : censure des auteurs et du merveilleux païens, et – ça c'est assez ''fantastique'' : récupération et création d'un merveilleux chrétien.
Le paganisme:

Les païens honorent leurs dieux dans des temples, vouent un culte aux divinités des arbres, des sources et des pierres. Notons également le culte des sources et des fontaines, bien attesté dans tout l'Occident médiéval : les lois chrétiennes du Gulathing, en Norvège, reprochent aux païens de croire aux génies tutélaires (landvaettir), que ce soit dans les bosquets d'arbres ou dans les tertres ou dans les cascades. Régis Boyer constate que les sources recevaient des offrandes de vivres en Scanie, donnaient lieu à des rites et des mariages en Vàstergôtland et à des cérémonies propitiatoires en Nárke. Toutes ces pratiques sont bien connues de l'Église qui ne cesse de les combattre; - par exemple - dans les actes du concile de Tours, en 567...
 

Pourtant : Grégoire de Tours ( († 594)) relate l’initiative pastorale d’un évêque auvergnat qui, impuissant à déraciner une fête païenne se déroulant sur le mont Helarius, construit sur les lieux une église en l’honneur du saint chrétien Hilarius.


Grégoire le Grand (mort en 604) ordonne d'utiliser les édifices païens après en avoir éloigné les idoles et après lustration, mais le synode de Nantes (vers 658) rend obligatoire la destruction des édifices du culte païen ; en outre, les arbres doivent être coupés, les racines arrachées et brûlées, les pierres enlevées et jetées en un autre heu, là où elles ne pourront plus servir au culte.

Grégoire le Grand donne aux missionnaires qu’il a envoyés en Angleterre des instructions sur la façon de transformer les temples païens en églises chrétiennes. Ces deux textes révèlent une stratégie pastorale complexe qui, face au paganisme, mêle adroitement les catégories de la destruction et de l’oblitération avec celle de la récupération.   Sources : Paganisme, christianisme et merveilleux - Claude Lecouteux
A suivre ....