Magazine Journal intime

Ralentir pour accélérer

Publié le 10 novembre 2016 par Sharlen @Sharlen_Phileas

00h29
Assise sur mon canapé…
Une grande écharpe noire posée sur ma tête et mes épaules…
Les yeux fermés…
J’écoute la pluie tomber sur les velux de mon nouveau petit nid….

Depuis maintenant trois semaines, je tente, j’essaie de me laisser le temps de prendre le temps, au moins de temps en temps.
Sans télé, sans ordinateur, sans musique. Je cesse de me battre contre mes noeuds-ronnes et les laisse mener la danse. Se faisant, je navigue tel un explorateur aveugle, me réconcilie avec mon cerveau et laisse refleurir les métaphores.

Je m’abandonne à mon esprit. Sans lutter, j’accepte de perdre le contrôle. Comme dans une matrice, je vois mes pensées, elles prennent de la vitesse. D’abord construites et intellectualisées, les connexions ne tardent pas à devenir un gigantesque feu d’artifice. Les phrases, les mots sont remplacées par des images et des sensations. Des souvenirs font surface, certains me plaisent, d’autres me déchirent littéralement le corps.
J’ouvre les yeux pour vérifier la bonne place de mes organes, cœur, poumons, rate, tout est là.
Dans l’obscurité de mon salon, je constate aussi que Jack l’Éventreur et le Croque-Mitaine se sont joints à moi, ils veillent au grain…
Refusant de me laisser totalement embarquer dans leur danse, je les laisse s’esclaffer de la situation. J’apprends enfin à me canaliser. Je m’autorise à suivre mes pensées, les laisser partir sans pour autant sauter de moi même au fond d’un gouffre. Cet exercice à un aspect périlleux mais j’avoue y prendre beaucoup de plaisir.
Les paupières closes à nouveau…

Le travaille, le manque de travaille, le bénévolat, l’argent, les choses du quotidien puis soudain, ma grand mère. Retour huit mois en arrière, elle sourit et tente quelques pas de danse équipée de son bolide à trois roues, les kilos et la fatigue la font disparaître. Ailleurs des dromadaires, un mirage, un désert, la sensation de l’aridité dans ma bouche, des gens, ils fuient.
Une rupture, un changement de rythme, je vois mon passé. Dans la salle de cinéma de mon cerveau j’enchaîne sur mon futur et je sens l’angoisse venir me souffler dans la nuque. Je bifurque sur les monstres sous les lits en simultané d’une balade en forêt et mes derniers jours se mettent à défiler dans ma mémoire trop vive…
Une voix me crie quelque chose, je tends l’oreille, l’entends me dire que je suis ridicule, elle me déstabilise…
Malgré mon envie, je me refuse d’ouvrir encore les yeux, je souffle profondément. Ça provoque un courant d’air et des Post’it s’envolent dans tous les sens, ils ne veulent pas être oublié. Je les ramasse un pas un et les colle sur la porte de mon crâne.
Les idées filent dans tous les sens, je me sens étrangement légère et paradoxalement, terriblement lourde. Je sens l’énergie en moi, ça me fait trembler de manière assez spasmodique…

Mon cerveau a assez joué, je décide de me recentrer sur moi même et je constate que cet exercice m’a épuisé. J’écoute mon corps, visualise mes jambes, mes bras. Mon dos me fait mal, il craque et je peine à ne pas laisser les pensées reprendre le dessus pour justifier ce mal. Je suis là, juste là et maintenant. Ne plus analyser, ne plus réfléchir et pédaler dans le vide. Le bouton Mute.
J’écoute mes émotions, j’entends mon cœur battre et les choses semblent s’équilibrer. Je sors de ma bulle interne. J’ouvre les yeux.
En face de moi, mes deux compagnons m’observent, ils sont ambivalents, je leur souris.

——
TOUTES LES PHOTOGRAPHIES, IMAGES ET TEXTES SOUS LESQUELS S’AFFICHE CETTE PHRASE SONT CONSIDÉRÉS COMME DES ŒUVRES DE L’ESPRIT ET DANS CE SENS COMME PROPRIÉTÉS INTELLECTUELLES PROTÉGÉES PAR LE DROIT D’AUTEUR. POUR PLUS D’INFORMATIONS: LEGIFRANCE 


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